Les oncologues sont les seuls qui peuvent répondre aux
attentes des malades. Nous
attendons un dialogue avec un médecin
humain, à l'écoute, qui ne soit pas uniquement un gestionnaire de traitements. Malheureusement,
la technique, la rentabilité a pris le pas sur l’humain. Chaque rencontre
ressemble à un marathon ... et au suivant!
Il est 5:30 et je commence à rédiger cet article. Pourquoi
aussi tôt? Frénésie de l'écriture? Non, simplement une mauvaise nuit. Mercredi
c'était jour de chimio. Sacré Taxotère, ça ne rigole pas, et comme il est
couplé à de la cortisone, le sommeil peut être perturbé. Mais revenons un peu
en arrière
.
Lundi, il faut se lever, prendre la voiture et faire dix
kilomètres pour se faire ponctionner un peu de sang, en vue de la chimio à
venir. En prime, il y a aussi les redoutables et redoutés PSA, comme chaque
deux mois. Une de mes piqueuses préférées à réalisé cela avec dextérité, se
jouant de mes veines récalcitrantes!
Et puis c'est l'attente... la boîte mail est ouvert en
permanence ... je guette ... et ils arrivent les résultats! C'est toujours avec
le cœur qui bat la chamade que je commence à traduire les données. Pas de
surprise pour les tests classiques, c'est juste correct, mais cela passe.
Allons-y pour les PSA. Un mois de casodex plus mon injection de décapeptyl, ce
doit être bon!
Glups! j'avale ma salive de travers... de 16,10 en février,
me voilà avec un joli 52,66 en avril! pour rappel, la norme est inférieur à 4.
En clair, rien ne va plus! l'hormonothérapie ne fait elle plus effet? Je suis
dépité, en colère, très très contrarié! Que va-t-il se passer maintenant?
Attendre, toujours attendre ...Mercredi. Je dois rencontrer mon ange gardien à 15:00 ... Il ne faut pas
trop me secouer ce matin, je suis sous pression. Je prépare mes papiers, et mon
côté espiègle me pousse à glisser la feuille des PSA en dernier, pour l'effet de surprise ... et je ne vais pas être déçu!
Ce n'est pas ma compagne qui me conduit à Bordeaux, elle
profite de quelques jours, avec une amie, pour se balader à Paris. J'en suis heureux,
car elle le mérite bien ce petit moment de détente. Vu les circonstances, elle
avait envie d'annuler, mais cela me paraissait inconcevable. C'est donc sa
fille, aide-soignante de son état, qui va découvrir un service d'oncologie,
puisqu’elle est chargée de m'accompagner.
Et nous voici dans la salle d'attente ... allons-y! Mon ange
gardien découvre les premiers résultats, "parfait". Et voici la
dernière feuille! Sa réaction m'oblige à réprimer un fou rire. Moi qui le
trouve inexpressif, pour le coup il n'a pas réprimé sa surprise! Il lève
brutalement la tête vers moi, la bouche ouverte, les yeux ronds semblant me
dire " mais qu'est-ce que tu as fait mon gars? Ou est-ce que tu as
déconné!"
La première question a effectivement porté sur la bonne
observance du traitement. Je le rassure sur ce point, et enchaîne rapidement
sur le pourquoi de cette situation. Et bien, il ne sait pas, il ne comprend pas.
Il me dit que parfois cela peut se produire, une brusque augmentation, suivie
d'une baisse conséquente. Dois je le croire?
Il décide de me prescrire une écho hépatique et une autre
chimio dans quinze jours. Ensuite il avisera. Je crois qu'il gagne un peu de
temps pour présenter mon cas en réunion, ne voulant pas prendre de décision à
chaud, mais cela n'est que supposition. Le tout a duré moins d'un quart
d'heure.
Pour l'instant, ma feuille de route en main, je me dirige
vers la salle de shoot. Je suis pris en charge par Pascale, comme la dernière
fois. Nous plaisantons autour de la chance qu'elle a d'affronter mon circuit
veineux, mais elle va s'en tirer avec tous les honneurs, bingo au premier
essai! Pascale, je t'adore!
C'est jour d'affluence. Aucun box de libre. Dix personnes en
salle commune. Je suis coincé, au sens propre, entre un homme traité pour un
cancer du poumon et autre pour la prostate. Pendant une heure cela ne désemplit
pas. C'est la valse du paravent pour protéger du regard les patients lors des
manipulations. Et toujours deux infirmières pour gérer cela. Un peu
surréaliste, et surtout triste.
Voilà, c'est terminé pour cette fois. Une mauvaise nuit, un
lever dominé par des brûlures au niveau de l'œsophage et des douleurs
hépatiques... une nouvelle journée commence ... ainsi va la vie avec un cancer
qui vous dévore ...
Mais surtout, ne vous apitoyez pas, ce n'est pas le but de
ces écrits. Je le vis relativement bien. L'homme a cette faculté de s'adapter,
de se protéger et de lutter contre l'adversité.
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