Maladie et défis

La nuit est un moment redouté. Quand le sommeil fuit votre corps, que l'esprit divague, l'on se sent parfois bien seul, face à ses interrogations , ses doutes. Un sommeil fractionné n'est  pas réparateur, le corps ne récupère pas comme il le devrait. L'esprit est mis à mal, il lutte contre les pensées négatives qui vous envahissent. Dix-neuf jours après la dernière phase du traitement, mon corps et mon esprit se débattent toujours contre les problèmes qui me perturbent au quotidien. Cette phase d'attente n'est pas de tout repos. Le facteur chance dont je parlais dans l'article précédent ne semble pas au rendez-vous.

La vie est une bataille, car sur son chemin chacun d'entre nous rencontrons des obstacles et c'est en gardant espoir et en ne baissant pas les bras que l'on franchit la plupart de ces dits obstacles...enfin c'est ma façon de voir la vie..Ne jamais baisser les bras même dans les moments de doute ou difficiles, car l'espoir nous permet d'avancer.

Je me sens diminué, le sommeil n'est plus serein et la fatigue me bride dans mes actions. Je dois faire face à un déséquilibre au quotidien, mes activités habituelles et simples me demandent des efforts considérables et plus de temps. La maladie provoque une rupture dans la continuité de l’image de soi, et dans le sentiment d’exister. Les problèmes de transit m'obnubilent, j'en suis arrivé à limiter mon alimentation et à prendre des actions dans les coopératives de pruneau d'Agen! Chaque soir ma jambe gauche change de forme, la rétention d'eau faisant son effet, depuis le lit est sur cales. Les douleurs articulaires sont de retour et mon épaule droite refuse de fonctionner correctement. Le foie est de nouveau douloureux. Je n'arrive plus à savoir si cela fait partie des effets indésirables des traitements ou si c'est une évolution de la maladie tout ceci pourrait m'amener à me replier sur moi même, mais ce n'est pas le cas.

Étrange paradoxe, lorsque nous parvenons à oublier que notre vie est limitée dans le temps, nous devenons moins vivants, alors que nous le devenons davantage lorsque nous sommes conscients de la mort qui nous attend. Alors je continue à me lancer des défis afin d'éviter de me sentir comme une sorte de boulet. Développer un mental à toute épreuve c'est aussi savoir se remettre en question lorsque cela devient nécessaire, c'est éviter de s'endormir sur ses lauriers avant qu'il ne soit trop tard. Les grands champions ont tous cette mentalité de battant qui leur fait rechercher de nouveaux défis plutôt que de se reposer sur leurs acquis.

La moto est enfin vendue, cela me chagrine, car c'était le meilleur anti dépresseur que je connaisse. Mais il faut se faire une raison, je ne suis plus en capacité de conduire cet engin sans risque. De plus elle va tomber entre de bonnes mains, un motard de la police nationale! Je sais qu'il va en prendre soin et ne pas l'exploser au bout de quelques kilomètres. Mon projet de spyder canam est mis en veilleuse, le moment n'est pas propice, je verrai plus tard.

Ma quête d'un véhicule de loisir tout équipé est un fiasco. Depuis une semaine, je me déplace à la recherche de la perle rare. Vendredi à Tarbes, puis vers Bordeaux, sans succès. Chacun pensant avoir dans ses mains un véhicule d'une valeur considérable, malgré de forts kilométrages et des équipements de peu de valeur. Alors changement de stratégie. Je vais me lancer un énorme défi, acheter un utilitaire vide et le transformer moi même.

Le défi n'est pas technique, ayant par cinq fois réalisé cette expérience. Le défi est tout d'abord physique, car je vais devoir solliciter mon corps plus que de raison. Le défi est mental. Tenir et arriver au bout de sa tache, quelles que soient les difficultés. En temps normal, ce ne serait qu'une simple formalité, aujourd'hui,, c'est pour moi, comme si je m'attaquais au mont Blanc!

Le cancer fait que l'on se retrouve face à la rupture dans la continuité des projections dans le futur, alors ce projet va me permettre de lutter contre cela. Le dit véhicule est trouvé, il ne me reste que l'essai routier pour concrétiser l'affaire, c'est pour mardi, ensuite l'aventure commence! En fait elle a déjà commencé, des plans jaillissent dans mon esprit. La recherche des matériaux et accessoires aussi. Cela me booste le moral.

Je ne vais pas manquer de vous tenir au courant de l'avancée des travaux, de mes difficultés et j''espère de mes succès. Je vais voir comment insérer sur le blog quelques images, c'est plus vivant, et vivant je suis!

Je suis un homme qui fait tout ce qu'il peut pour vaincre une maladie mortelle et faire mentir les statistiques médicales. Je fait mon devoir  d'être vivant, c'est-à-dire chercher à protéger et maximiser ma vie autant que je le peux, dans les conditions où je me trouve, être acteur de ce combat et non pas seulement un objet passif livré à la médecine.

La capacité que l'on a, aidant à surmonter une épreuve, dépend grandement de sa croyance en cette capacité. Cette autosuggestion est certes proche de la méthode Coué, et elle n'est pertinente que si vous vous donnez les moyens d'arriver à vos fins. Il ne s'agit pas de verser dans un optimisme qui occulterait la réalité, mais de croire en votre compétence.

Gravir le mont-blanc n'est pas seulement possible parce que l'on est persuadé de le faire, mais aussi parce qu'on s'y est entrainé pour. Alors, ayez foi en votre destin et faites tout pour y parvenir. Ayez confiance en vous-même.