l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

18 nov. 2016

Voleur de temps, un an déjà


Il y a des moments dans la vie ou, même si ce n'est pas notre désir, l'on revient en arrière. Des images me hantent depuis quelques jours. Cela fait quasiment un an qui s'est écoulé depuis l'annonce de mon cancer. Je me revois dans le centre d'imagerie médicale. C'est ma première échographie prostatique. Le radiologue, un homme de forte carrure, noir, se voûte et blêmi à chaque cliché. Il est le premier à évoquer ouvertement le cancer. Et puis il y a cette phrase de conclusion qui résonne dans ma tête: " On guéri bien d'un cancer de la prostate, voyez François Mitterrand!" ... et ma réponse qui a jailli, hors de mon contrôle " il en est mort!"

Alors vous restez là comme une carcasse vide. Pas vraiment mort, mais déjà plus tout à fait vivant. Être en bonne santé, c’est être dans la projection, alors que la maladie renvoie à la suspension du temps. La puissance narcoleptique d'une telle annonce fait que l'on commence par vaciller.  Les mouvements se décomposent, impossible d'avancer.  C'est comme si l'on venait de faire un mauvais rêve et que l'on se réveille  dans un cauchemar, les émotions tournant dans un maelstrom infernal.

Trembler d'envie de s'affaisser dans la boue, ou de se caler dans son canapé, et d'attendre la prochaine secousse. C'est comme le signal du début du grand sommeil., l’heure où tu te fous de tout, tu n'entends rien que ton cœur et  ta respiration que tu essaies de calmer. Et puis cette annonce commence à perdre de son effet.

L'étape suivante, c'est regarder derrière soi. On S'interroge sur ce que l'on a été, ce que l'on voulait être, sur ce que l'on est. Il est l'heure où tu fermes les yeux , car de toute façon, Il n'y a aucune différence entre le noir du dedans et le noir du dehors. C'est l'heure de réciter les vers inachevés de ta vie. Et puis les maux se posent tranquillement ... Tout s'apaise. Il est temps de penser à simplifier les équations !

Il arrive encore souvent que mes paupières se ferment sur mon regard d'enfant et, quand je rouvre les yeux, les monstres sont réels, mais Le monde est toujours sous mes pieds, il me tient encore. Mais aujourd'hui, je dois faire plus que marcher, je dois voler! 

Je sais fort bien, et le répète souvent,  que l'aspect moral est primordial quand on vit avec une maladie chronique et que  l'espoir fait partie de la qualité de vie. Cet espoir, il faut le créer, il faut aussi l'entretenir ! face au Seigneur des Ténèbres je garde toujours avec moi ma boîte de crayons et mon album à colorier, afin de pouvoir mettre de la couleur sur ses sombres desseins. je refuse d'accepter qu'un parasite gruge ma chair et mes capacités!

Partout où je vais, c'est le ciel que je regarde. Le ciel et les oiseaux, et puis les fleurs ,et puis l'eau ...Et puis, j'écris.

En me réveillant, le matin, je souris. Vingt-quatre heures toutes neuves se tiennent devant moi. C'est beau un monde qui se réveille! C'est comme cela que j'ai pu transformer mon combat. Combat individuel, mais aussi combat collectif au travers de ce blog.

S'étonner d'être en vie alors que l'on me , que l'on nous,  promettait la mort. Vivre avec un cancer, c'est vivre dans l'urgence. Nous avons  une épée de Damoclès au-dessus de la tête et  un colocataire bien encombrant, mais cela n'empêche pas de s'imaginer un futur. La vie continue... Entre des hauts et des bas, des hivers et des étés, des victoires et des défaites l’important est qu'elle ne s'arrête pas.
 
Le blog, c'est le miroir de mes pensées et de ma liberté intérieure. Il me permet de poser ma peine. Cher colocataire, je rêve, tu dors et tout est bien réel!

Je suis à un tournant de cette histoire que je vous narre depuis presque un an. À ce jour, j'ai le sentiment que l'on m'a laissé sur la grève, dans le noir. Entre mes mains se trouve mon précieux dossier préparé par ma généraliste. Elle a tenu sa promesse, me fournissant rapidement tous les éléments en sa possession, sans rien occulter. Il ne me reste plus qu'à prendre rendez-vous. Le 23 novembre, je suis attendu à l'institut Bergonié.

À la lecture de ces documents, certaines zones d'ombre s'éclairent . Tout est là, le compte rendu de chacune de mes visites, le résultat de la biopsie prostatique. Tout! tout ce que je sais déjà, tout ce que j'ai deviné et tout ce qui ne m'a pas été expliqué, ou volontairement caché? Je ne sais que penser ou plutôt si! Capitaine ! Je demande un transfert immédiat!

Je ne peux nier que mon oncologue a fait du très bon travail. Le traitement administré s'est avéré efficace.  Mais il a un travail à accentuer sur la communication et l’approche humaine du patient.  L’humanité de la relation entre soignant et patient me semble prioritaire. 

Ce nouvel avis ne va sûrement pas amener de nouveautés, mais ce que j'espère surtout, c'est de bénéficier d'un suivi plus lisible, plus rassurant. J'espère une prise en charge de la douleur plus efficace. Avoir des précisions sur les métastases osseuses et hépatiques, en bref savoir ou j'en suis réellement!

Ce qui peut aider le malade, c’est probablement de voir que ce qu’il a vécu a été vécu par d’autres. Mes écrits servent aussi à cela, tout comme les écrits des autres malades, me servent aussi.  C'est donc une très grande joie pour moi de voir mon plaisir d'écrire devenir plaisir à lire.. Le nombre de vues du blog augmente sans cesse, les commentaires aussi, principalement en privé, il semble y avoir une certaine pudeur qui freine les commentaires publics. 

Quoi qu'il en soit,  merci à vous tous pour vos précieux retours. Je vous retrouve bientôt.

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