l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

10 déc. 2016

Chants magnétiques






5h24. Devant mon clavier, je cherche mes mots, ceux qui décrivent les maux qui me poursuivent  au fil des mois. Ces mots qui, mis bout à bout, décrivent une vie. Vie qui ne tient qu'à un fil, vie qui ne veut pas en finir, du moins comme cela, vie qui s'envisage qu'au jour le jour, jour de plaisir ou jour de douleur, jour de rêve, rêve de vie ... il est 5h26... deux minutes de vie.

IRM, trois lettres pour décrire cette machine qui est là, devant moi, dans laquelle je vais pénétrer dans quelques secondes. Machine porteuse de crainte et d'espoir à la fois. Machine née du génie des hommes, machine au service de l'homme, machine qui va lire en moi l'instant présent, pour essayer de prédire un futur.

Mais avant cela, revenons un peu en arrière. Ce rendez-vous avec la machine s'est fait attendre. Quinze jours au bout desquels, un simple SMS me propose une date et un horaire. SMS auquel je dois répondre par oui ou par non, pour poursuivre l'aventure. Le oui l'emporte majoritairement, mon débat interne est clos.

Changer d'oncologue n'est pas une mince affaire. Il y a d'abord ce débat avec toi-même qui t'agite. Est-ce le bon choix, qu'est-ce qui te motive, y a-t-il un bénéfice à en tirer. Il y a aussi les scrupules. Quitter ton ange gardien qui a fait un super travail, ce n'est pas très cool pour lui!

Et puis il y a les difficultés liées à la paperasserie. Un appel de la secrétaire du nouvel oncologue." Je ne peux pas vous donner de rendez-vous, vous deviez nous donner tous vos examens, et vous ne l'avez pas fait!"  Je ne peux traduire le ton employé, mais il n'était pas particulièrement amical!

Un rendez-vous IRM qui  n'arrive pas, une secrétaire stressée qui m'agresse, alors que toutes les conditions ont été remplies, autant d'éléments me faisant douter de ma décision. Et puis voilà, après le rendez-vous IRM, arrive un courrier ... la secrétaire a sûrement retrouvé les éléments manquants, car me voici nanti d'un rendez-vous pour le 4 janvier!

C'est la semaine médicale. Mercredi, la saignée, calcium, albumine et PSA. C'était le matin, de bonne heure, après avoir affronté le brouillard,  le froid et une heure d'attente, c'est une fois de plus à la seringue que le précieux nectar est prélevé. Il faut dire que mes veines ont gardé  les stigmates de mon dernier passage au scanner, rappelez-vous, celui avec Lénine!

Mercredi soir, passage de la petite infirmière ( petite par la taille, grande par le cœur). C'est le jour du décapeptyl! L'aiguille de gros calibre perce mon quart supéro-externe ..... Jeeeee  n'aaaarrive pas à comprendre le masochisme! quel plaisir peut-on trouver à la douleur!  Allez, la prochaine dans douze semaines!

Jeudi, je veille ma boîte mail qui va me délivrer les résultats de mon bilan. Calcium, albumine OK, PSA en légère augmentation, mais bon résultat. Rassuré je suis, il reste l'IRM.

Clinique Saint-Augustin. La première fois que je suis entré en ce lieu, j'avais treize ans. Mon père venait d'y être admis, pour subir une opération d'une tumeur au cerveau. A cette époque, point d'imagerie médicale. On ouvrait pour se rendre compte en direct.

Le professeur chargé de cette opération s'était entouré d'une dizaine d'étudiants. Ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de voir cela! C'est donc au bistouri que cet homme a travaillé.

Je ne le savais pas encore, mais c'était la dernière fois que je voyais mon père  en pleine possession de ses moyens. L'opération a été dévastatrice. Hémiplégie, perte du langage et régression du comportement. Cela a encore duré un an avant qu'il ne quitte ce monde. Il n'était plus que l'ombre de lui même.

Depuis ce jour je suis hanté par la crainte de la maladie, de la mort, des hôpitaux et du corps médical. Et pourtant, je suis devenu infirmier!  Chaque fois que rentre dans cette clinique, des images m'assaillent. Mais aujourd'hui, il y a l'imagerie médicale!

Le plan sur lequel je suis étendu n'est pas vraiment confortable, le dos n'est pas économisé, la mousse de rembourrage, si! C'est parti! je glisse doucement dans la machine. Plutôt à l'étroit là-dedans! Petite sensation d'étouffement, je ferme les yeux.

Un casque est rivé sur mes oreilles, afin de me diffuser de la musique, censée atténuer le bruit infernal de la machine. Pour l'instant, il n'y a que de la pub! et je ne peux pas changer de radio! Petite amélioration à prévoir, un sélecteur de fréquence ...

Et puis la machine s'emballe ... j'ai le sentiment de participer à une rave-partie ! musique électro à fond ! dans le casque, il y a toujours de la pub. Le bruit de la machine se modifie. Me voilà descendu dans la cale d'un gros navire marchand, section salle des machines. C'est le poum poum d'un gros diésel qui va m'accompagner pour le reste de la séance. Dans le casque il y a ...Nirvana!

Les chants magnétiques étant terminés, je retrouve la salle d'attente. Je me sens serein. L'expérience était plaisante. Mais voilà l'heure du verdict!

Il y a bien une lésion du corps vertébral antérieur de T11, mais le radiologue se veut rassurant.  Pas d'évolution notable et placée là où elle est, elle ne va pas toucher la moelle épinière. Par précaution, il suggère une radiothérapie de cette zone.

En clair, j'échappe donc au fauteuil roulant, du moins pour l'instant. Il va falloir surveiller cette zone. Il ne me reste qu'à rencontrer l'onco pour avoir son avis.

Nouvelles plutôt bonnes. J'entre dans une phase de surveillance. En attendant, je reprends le cours de ma vie...

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