Un été peu ordinaire

C’est un bel été, sûrement le plus beau de ces dernières années. Certes, trop chaud, mais donnant aux gens du baume au cœur.

La première partie de cet été m’a complètement échappé. Engoncé dans cette torpeur, ce demi-sommeil, ou j’ai vu ma vie défiler. Parfois en accéléré, d’autres fois s’attardant sur des moments importants de ma vie. Points ayant engendré des changements de direction.

J’ai senti le souffle de la mort très proche. Très très proche. Et puis, quelle force mystérieuse m’a ramené ? Toujours est-il que je suis encore là, vivant, ou à peu près, car il y a de nombreux freins à une vie ordinaire.

Je passe mes journées entre canapé à regarder la TV, fauteuil pour lire ou terrasse, à rêver. En dehors de cela rien.

J’écoute la vie autour de moi. Les gens s’amusent, veillent tard le soir, profitants de la fraîcheur, et moi je suis cloué là dans mon environnement, par manque d’énergie.

Les journées sont répétitives. L’ennui m’enveloppe régulièrement. Je n’arrive pas à me déplacer plus de 100 mètres. Ensuite, plus de jambes, essoufflement, douleurs dorsales...

Cela devient intenable. Alors je viens de prendre une décision qui m’a demandé un temps de réflexion, car il y avait un obstacle à franchir, celui d’accepter de nouveau de céder du terrain à la maladie, d’afficher ma dépendance, d’accepter la déchéance du corps, la diminution de mes capacités.

En un premier temps, une canne est venue compléter mon attirail. Comme cela n’est pas suffisant, je viens de faire la demande d’un fauteuil roulant électrique.

Cela va me permettre de retrouver autonomie et indépendance, et surtout de redonner un peu de lustre à mon moral qui a bien du mal à garder le cap.

Curieusement, c’est mon entourage qui a eu le plus de difficulté à digérer l’information. La vision de ma personne dans ce fauteuil ne leur est pas facile à soutenir, même s’ils en comprennent mes motivations.

Obtenir un fauteuil est une démarche assez longue. Entre trois et six mois. Je dois rencontrer un médecin, à son cabinet, puis à mon domicile pour évaluer mon autonomie. Ensuite, passage devant un médecin-conseil de la sécu qui va donner ou non son feu vert pour le prise en charge.

Il faut dire que la bête n’est pas donnée ! 3700 euros. Un coup de pouce ne peut être que le bienvenu ! Mais rien n’est gagné, il faut que ma pathologie soit prise en charge et que je rentre dans les critères de leur grille.

Mais je ne vais pas attendre aussi longtemps. La pharmacie me prête un fauteuil jusqu’à la décision finale. Je leur en suis très reconnaissant, je compte en profiter dès jeudi, en filant à Arcachon avaler un moules frites, au bord de l’eau !

C’est pour moi un été peu ordinaire. Peut être le dernier, peut être pas. La projection à long terme m’est impossible. Je sais que tout peut très vite changer. La meilleure solution, ne pas trop y penser, improviser suivant la situation, et chercher ce qui peut être positif au milieu de la grisaille.

C’est donc propulsé par deux moteurs électriques que je reprends le cours de ma vie...