l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

22 oct. 2016

Service Oncologie ... voir au sous sol





Bordeaux nord, 9h45. Service oncologie...au sous-sol. Cela fait trois mois que je n'ai pas pris ces escaliers, trois mois d'une semi-tranquillité. Terminé la chimio et la radiothérapie. Le colocataire est il toujours enfermé dans sa cage sous l'escalier, ou continue-t-il son travail de sape sournoisement? La question me taraude depuis deux semaines. La réponse est au bout du couloir ...peut-être.

Nous sommes arrivés sans encombre à la clinique, suivant les quais, remarquant au passage la présence de ce vieux gréement soviétique, le Shtandart, un trois mats de 34 mètres de long, 28 canons à bord... réplique d'un bateau construit en 1703 sous le règne du tsar Pierre Ier .. Je m'emballe, nous ne sommes pas là pour faire du tourisme.

L'accueil, les salles d'attente, tout est vide. C'est comme s'ils avaient réservé tout le sous-sol rien que pour moi! dois je en être flatté? Il est là, mon ange gardien. Je perçois sa silhouette au travers de la baie vitrée de son bureau. Une sourde angoisse me tenaille.

Tout juste le temps de s'assoir dans la salle d'attente, la porte s'ouvre " Monsieur, madame, veuillez entrer" . Le scénario immuable se répète. Ce long moment de silence où il consulte mon dossier, annote mon bilan sanguin puis se tourne vers moi : " alors? " Je déteste ce moment! J'ai beau m'y attendre, m'y être préparé, cela me déstabilise systématiquement.

Je me lance! raconte ces trois mois, mes douleurs musculaires, articulaires, osseuses ... " Monsieur, il va falloir apprendre à vivre avec !" Réponse claire nette, précise! démerde-toi avec cela! Apprendre à vivre avec, heu... je crois que c'est fait! " Ce sont les métastases de votre cancer qui provoquent cela, il n'y a rien à faire, prenez du doliprane" déjà fait et sans effet!

J'évoque la douleur hépatique présente depuis quelques semaines. " Le foie ne fait pas mal, ce doit être des douleurs intercostales" que je suis con, des douleurs intercostales, pourquoi n'y ai je pas pensé plus tôt! " Monsieur, des douleurs intercostales, j'en ai eu, c'est vraiment au niveau du creux hépatique, là où se trouve la plus grosse tumeur repérée!" Argument balayé d'un revers de main. C'est lui le spécialiste, moi le patient!

Dernier sujet. Difficultés à la miction au lever qui disparaissent le reste de la journée, une fois que j'ai quitté la position allongée. " Ce sont des problèmes de tuyauterie, je ne suis pas qualifié, voir avec l'urologue, il faut peut être raboter un peu la prostate" glups!!!! J'aurai mieux fait de me taire! J'ai toujours détesté la plomberie, et là, encore plus! Maintenant cela peut résoudre le problème quand l'on sait que toute opération au niveau de la prostate se traduit souvent par un incontinence urinaire! Plus de problème de miction, cela coule en permanence!

Afin de préparer cette séance de bricolage, il me propose un scanner pour mercredi. J'accepte, non pas pour un rabotage de la prostate auquel je compte m'opposer, mais pour avoir une vision de mes tumeurs, particulièrement au niveau hépatique.

Mon bilan sanguin est équilibré, pour lui c'est bon signe, le cancer ne semble pas avoir évolué. Je ne demande qu'à le croire. 68 euros la séance! je quitte le lieu mi-rassuré, mi-désappointé.

L'hôpital s'est réveillé. Une vraie fourmilière, l' usine anti-cancer... des bâtiments, des étages, des couloirs, salles d'attente, blouses blanches, des gens qui se croisent, se regardent, s'évitent, des regards, compatissants, interrogatifs, ou vides. Des femmes avec des foulards, perruques, ou des cheveux fraîchement repoussés, des crânes nus... Ambiance particulière dont on se passerait bien... C'est mon petit carton d'invitation dans la main que je quitte ce lieu, jusqu'à mercredi ... à suivre



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