l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

29 sept. 2017

Septembre





Je vais enfin  pouvoir publier cet article, car après des soucis de pc, voilà que la ligne internet s'est coupée durant plusieurs jours, ce qui pour moi est une contrariété importante, il ne se rendent pas compte chez France Télécom ! Ce lien m'est devenu vital! bon tout est de nouveau opérationnel.
Septembre est bien entamé, il y a maintenant 24 mois que les premiers symptômes visibles de mon cancer se sont déclenchés. Depuis, je dois composer avec ce colocataire bien encombrant.

le temps, notion bien étrange, il s’accélère parfois ou ralenti, suivant la situation. Difficile de lâcher prise avec ce temps qui passe inexorablement, particulièrement quand vous avez en vous cette notion que vous êtes mortel. Cette idée que vous avez occultée toute votre vie et qui vous bondit à la figure le jour ou l’on vous annonce ; « profitez du temps qu’il vous reste, ne vous privez pas ».

Depuis décembre 2015, je compte les jours gagnés, les jours passés à la clinique, le nombre de chimios que mon corps doit digérer, les moments ou je peux m’évader... je compte, c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à lâcher prise avec le temps.

Je viens de profiter de dix jours de liberté au volant de mon van, dix jours c’est peu et beaucoup à la fois. La maladie s’est écartée de mon esprit durant cette période, même si mon colocataire n’a pu s’empêcher de se rappeler à moi régulièrement. Au volant de mon taxi, c’est là que je me sens le mieux, libre. Il m’arrive parfois de caresser le projet de partir en solo (ma compagne étant coincée par son boulot) pour un road trip de plusieurs semaines, pour faire un tour de France par exemple, ou plus. À voir......

Je suis sur l’autoroute, direction la clinique, pour ma dix septième chimio. J’ai l’impression que cela fait trois mois que je n’y suis pas allé, alors que ne se sont écoulées que trois semaines. Je compte encore...

 Il reste une dix-huitième séance avant de faire le bilan, et ce bilan, je le redoute beaucoup plus que les précédents. Si le jevtana s’est montré inefficace, les solutions vont sérieusement se réduire, car mon foie, lui, n’attendra pas pour me mettre au tapis.J’essaye d’occulter cette idée-là, mais la sourde douleur hépatique qui me tenaille me rappelle régulièrement à la réalité. 

Je rencontre mon oncologue du jour, une remplaçante. Mes PSA sont repartis à la hausse, mais elle se veut rassurante. Moi, je suis sceptique. Qu’importe, je suis là pour recevoir ma dose, et surtout, obnubilé par l’envie de quitter cet endroit !

Beaucoup d’infirmières ce matin dans le bureau ! Jeunes infirmières et élèves principalement. Des visages inconnus. Et me voici embarqué pour la séquence gore !

Elle est jeune, joviale et inexpérimentée la petite brune à laquelle je donne quelques indications sur les problèmes qu’elle va rencontrer et les trajets à suivre.La plongée de l’aiguille est brutale, trop en profondeur. La fouille ne donne rien. Deuxième essai, même constat. On s’acharne un peu et le sang jailli enfin. J’ai l’impression d’être à la boucherie du coin ! j’en ai plein le bras. Elle se confond en excuse... j’essaye de la rassurer... je suis comme ça ! Je souffre avec le sourire et compassion pour la pauvre infirmière qui galère ! mais diantre que ça fait mal ! 

La suite, comme d’habitude, je dors. C’est une élève qui à la charge de me déperfuser. Je reste un bon moment à compresser ma veine pendant qu’elle se bataille avec la tuyauterie qui s’est emmêlée, oubliant le patient qui attend son pansement !

La situation est cocasse. Elle fait référence aux deux infirmières qui la regarde... et là nous lui révélons que ce n’est pas deux, mais quatre qui observent la scène ! 

La jeune femme qui m’a perfusé réalise à cet instant que sa maladresse ne m’a pas échappé et demande pourquoi je ne lui ai pas révélé mon ancien métier. Je trouve cela amusant, si je l’avais fait, j’accentuai un peu plus la pression, j’imagine le résultat !

Je raconte souvent ces scènes, ce n’est pas pour dévaloriser ces personnes qui s’occupent de nous, mais plutôt pour montrer qu’il est possible de prendre du recul avec la douleur, de l’accepter, de la supporter, de la surmonter, du moins jusqu'à un certain point. Tout est dans le mental

C’est aussi pour montrer qu’il faut être un minimum indulgent. Il ya une longue phase d’apprentissage pratique dans ce métier. Les équipes sont jeunes et manquent d’expérience, il faut leur laisser du temps, même si c’est douloureux ! Cela me rappelle mes débuts. Avant de pratiquer sur un patient, il y avait cette phase où en cours,  nous nous entraînions à la pratique entre nous, chacun prêtant ses veines à tour de rôle, ou ses fesses ! 

Trois semaines d’attente avant la dernière chimio. Lutter avec les effets indésirables tout en continuant à vivre, voilà le programme. J’espère pouvoir reprendre la route, même si nous entrons dans une saison moins agréable. Chaque départ est un moment de relâchement, de bien-être.

Mes petites balades, vous pouvez les retrouver ici : https://vanantidote.blogspot.fr/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, utiliser le formulaire de contact, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.