l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

31 août 2017

Quelques états d’âme




lors de ma dernière visite chez l’oncologue, ce dernier m’a annoncé qu’il ne me restait deux séances de chimiothérapie, puis examens. Il a cru bon de rajouter « faut pas croire que cela va durer indéfiniment ». Pourquoi cette précision ? Croit-il que je suis idiot au point de croire qu’il va m’administrer ce produit jusqu’à la fin des temps. Il m’arrive de ne pas apprécier ses réflexions, ses non dits, cette position de toute puissance.

Je ne suis pas un patient particulièrement docile. Je compte garder la main sur les évènements, sur les décisions. Ma plus grande crainte, être emporté dans un tourbillon que je ne contrôle plus. Être totalement sous la coupe du corps médical et perdre mon libre arbitre. Cela me rend méfiant.

Il n’est pas en mesure de savoir comment cela va évoluer, il navigue à vue. Donc il se protège, très prudent dans ses propos. Mais parfois il ne se rend pas compte qu’une petite phrase peut déclencher une foule d’interrogations et d’interprétations chez le patient.

Avec le temps passé à se confronter au cancer, nous devenons une sorte d’expert de cette maladie. Nous apprenons à bien connaître notre corps. Nous décodons ses réactions. Les douleurs sont passées au crible et classées en catégories. Nous arrivons à savoir les attribuer au traitement ou à l’évolution de la maladie.

Nous connaissons les effets secondaires sur le bout des doigts. Nous savons s’il faut s’en inquiéter ou ci cela est « normal ». C’est ce combat que nous menons au quotidien qui nous permet de garder un pied dans la réalité et de continuer à appartenir au club des vivants.

Faire face à la maladie, ce n’est pas une question de courage, mais de force, force à puiser tout au fond de soi. S’autoriser à exprimer cette souffrance est important, cela permet de rester soi-même au sein de cette tourmente. 

Si nous apprenons à décoder les signaux de notre corps, il en va de même pour l’esprit. Je considère qu’il est mon plus grand allié. Grâce à lui, je revêts mon armure de guerrier (je sais que certains n’aiment pas ce langage) et participe activement à chaque bataille.

Mon imaginaire est très actif. Quand je pense à cela, des images se forment. Je me transforme en samouraï, en maître yoda ou Huk suivant les circonstances. Cela peut faire rire, mais pour moi, c’est vital, cela m’aide à résister, à gérer mes angoisses, mes douleurs, et surtout à garder le cap que je me suis fixé. Garder ma liberté d’agir et de penser ! Il y a longtemps que je ne regarde plus derrière moi en me demandant pourquoi moi, pourquoi cette épreuve. Je regarde droit devant, me lance des défis, me disant « pourquoi pas », et je dois cela à mon mental.

La disparition de mes frères de combat les plus proches a laissé de profondes blessures en moi. Il ne passe pas un jour sans que je ne pense à eux. Je vais régulièrement relire des passages de leurs blogs ou les mails que nous avons échangés. L’image de leur visage se forme en moi, ils sont toujours présents...

Actuellement je subis le contrecoup du cumul chimio/radiothérapie/hormonothérapie. Les effets secondaires se multiplient, à commencer par une énorme fatigue. Les brûlures de l’œsophage annoncées par le radiologue sont au rendez-vous. Les ongles des pieds font triste mine. Le transit est fortement perturbé. Les céphalées omniprésentes, le sommeil perturbé...

Cela ne m’empêche pas de multiplier les escapades. Ma compagne et moi même (et le chien) allons prendre la route pour dix jours, en espérant que tout se passe bien. La pharmacie est bourrée à bloc, les numéros de téléphone dans le carnet... au cas ou. Je suis obligé de faire de nombreuses poses, de dormir plus que de raison, mais qu’importe, le plaisir est là.

Je vais donc m’absenter du blog pendant quelques jours et profiter de mère Nature. Puis rentrer pour la cinquième chimio de la série, car ma réalité c’est quand même celle-là !

Si vous croisez « carpe diem » sur la route, n’hésitez pas à venir me voir, c’est avec plaisir que j’échangerai quelques mots et un verre avec vous ! 

Prenez soin de vous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, utiliser le formulaire de contact, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.