l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

7 oct. 2017

Ma petite planète



Mon corps commence à s’habituer à la polaramine qui est injectée avant la chimio. Mon besoin de dormir est moins brutal, et le sommeil plus léger. C’est la dernière de la série. Dernière fois que le jevtana coule dans mes veines, du moins c’est toujours ce que l’on espère quand on regarde l’infirmière nous perfuser...

Dans cette phase de demi-sommeil où je me trouve aujourd’hui, j’ai rejoint cette petite planète intérieure. Je suppose que tous les patients en lutte avec leur colocataire en ont une. Cette planète est sujette aux aléas de la météo, comme sur terre. Ce matin le ciel est couvert, les nuages noirs à l’horizon bouchent le lointain.

L’oncologue, toujours la remplaçante, consulte mon bilan. Son regard se fige sur la case PSA. 23,47. Elle consulte mon dossier pensive.

« Là, il y a un problème, manifestement nous sommes arrivés aux limites de la chimiothérapie, cela ne fonctionne plus. »

Cela fait déjà quelques jours que je suis arrivé à la même conclusion. Mais l’entendre de la bouche de l’oncologue, cela ne fait pas le même effet. Ces mots qui viennent confirmer ce que l’on pense, c’est comme un coup de poignard, c’est douloureux, car instantanément on se demande, « et maintenant ? » l’horizon se bouche.

Sur ma petite planète, je regarde l’horizon et ses nuages menaçants. Je suis installé sur la dune, à mes pieds, les vagues se brisent sur la plage. Cela m’apaise. Je dois me préparer au prochain combat, bien que mon armure se fissure par endroit, rongée par la rouille qui s’installe avec le temps.

L’oncologue décide de précipiter les prochains examens, pas question d’attendre. Je suis convié à la prochaine séance photo pour le 20 du mois. Une longue séance qui va débuter à 9 h 30 par la scintigraphie, suivie du scanner et se terminant à 18 h par la rencontre avec l’onco, l’officiel cette fois-ci.

Le sable s’écoule lentement entre mes doigts, comme la vie qui file inexorablement. Je sais qu’il est impossible de l’arrêter, de le figer, mais est-il encore possible de le ralentir ? Que reste-t-il dans l’arsenal de mon ange gardien, que puis je faire moi-même ? Autant de questions qui me taraudent.

Quand le cancer s’invite, l’on se retrouve face à un besoin immense d’informations. Alors on se documente, encore et encore. L’on trouve des tonnes de propositions de médecines parallèles. Des études plus aux moins sérieuses, des marabouts qui soignent le cancer ou dépannent votre ordinateur à distance, des essais prometteurs, mais qui ne décollent pas, car ils ne font pas appel à l’arsenal médicamenteux classique.

Sur ma petite planète, je me suis toujours dit qu’il était possible, au travers de toutes ces informations de trouver le petit truc en plus qui va aider. Alors je me suis penché sur ce qui m’a semblé le plus sérieux et qui était étayé par des recherches scientifiques plus ou moins abouties.

  La chose qui m’intéresse le plus est comment les cellules cancéreuses se nourrissent-elles. Je me suis penché tout d’abord sur les polyamines. Cet élément est fabriqué par le corps et se retrouve dans l’alimentation. Des études réalisées en France ont démontré qu’il était possible d’appauvrir son alimentation en polyamine et donc de priver le cancer d’une part de son alimentation. Alors depuis le début j’ai modifié mon alimentation dans ce sens. Visiblement sans succès.

Le jeune. Employé dans certains pays avec semble-t-il de bons résultats. Impossible pour moi de ne pas m’alimenter. Il est déjà tellement difficile de contrôler son poids ! Depuis un mois je perds régulièrement des kilos, et cette énergie qui fout le camp, j’en ai besoin. Mais cette piste n’est pas inintéressante, car à ce moment l,à il paraît évident que l’on prive le cancer de carburant.

Le sucre. Tous s’attachent à dire que c’est le principal aliment des cellules cancéreuses. A bien y réfléchir, j’ai constaté chez moi depuis le début de ma maladie, une forte demande de mon corps pour cet élément. Ce besoin impérieux de sucre, ce traduisant par une augmentation notable de ma glycémie.

Depuis quelques semaines, j’ai considérablement réduit ma consommation de sucre. C’est cette piste que je vais explorer. Il existe un mode d’alimentation, le régime cétogène, qui ressemble à une sorte de jeune contrôlé. Pas de sucre dans l’alimentation, juste des lipides et protides.

Là ou j’en suis, je ne risque rien d’essayer. Remplacer le carburant de mon corps par une autre, c’est comme pour nos véhicules, bannir les hydrocarbures pour l’électricité ! Obliger son corps à produire des cétones et se nourrir avec, à la place du sucre. Les cétones ne sont pas consommées par les cellules cancéreuses. Des études montrent qu’il y a parfois un arrêt du développement de ces cellules, voire une régression.

Je ne sais pas ci cela va servir à quelque chose, mais je suis prêt à continuer ce combat, de toutes les manières possibles, jusqu’au bout.

Depuis ma petite planète, je regarde le monde des vivants s’agiter. Cela fourmille dans tous les sens, court, se gâche parfois la vie avec des choses sans importance. Qu’est-ce qui est le plus important ?

Profiter ! profiter de ce temps très court et aléatoire qui nous est octroyé, délester notre navire trop lourd et naviguer, encore et encore avant de traverser la frontière vers cet inconnu que l’on nomme l’au-delà. Ne pas se laisser emporter par ses angoisses et sombres pensées, se raccrocher à cette petite flamme qui brûle en nous, nommée désir de vivre.

Je quitte ma petite planète en empruntant la sente qui me ramène vers le monde des vivants dont je fais partie. Il est temps de rentrer chez moi...

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