l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

27 févr. 2018

Cheveux d’ange




Cheveux d’ange, cela fait longtemps que je n’ai pas parlé de ma chevelure. Tout a bien repoussé, me donnant un air de renard argenté. La dernière chimio n’a pas, pour l’instant, mis à mal ma toison.

Mes cheveux d’ange ne font pas référence à ma tignasse, mais plutôt à mon alimentation. Je suis dans l’obligation d’absorber de petites quantités, afin d’éviter nausées et brûlures au niveau de l’œsophage et de l’estomac.

Certains aliments me sont devenus impossibles à avaler, l’odeur, la vue, servant de repoussoir. Alors il reste le paquet de cheveux d’ange !

Je suis devenu expert en matière de préparation de ce potage. C’est la seule chose que j’avale avec plaisir et sans effets indésirables, lors des grosses tempêtes qui suivent la chimio.

Il faut dire que cette chimio est celle qui me travaille le plus. J’avais absorbé les autres produits sans trop de troubles, mais cette fois, ce n’est pas la même chanson !

Deux trois/jours après la séance, se multiplient les tracas en tout genre. Mon corps commence à saturer.

En ce lundi matin, je suis obligé de piocher dans la réserve pour me motiver à me présenter à cette troisième séance. Comme d’habitude, cela commence par le rendez-vous avec mon ange gardien.
Le bilan est assez bon pour qu’il me délivre le sésame qui me permet d’accéder à l’étage numéro cinq, ou la salle de torture m’attend.

Mais il y a le problème des PSA. L’ascension continue. 1065, soit 411 points de plus en trois semaines.

L’oncologue a décidé de procéder à cette chimio, mais si cela augmente encore, il met un terme à tout cela. Une nouvelle augmentation sera la preuve que cela ne fonctionne pas. Donc ?

Donc, fin de prise en charge. Les mauvaises nouvelles se succèdent. Je commence à être habitué ! Je reçois cela froidement, sans état d’âme. Je suis prêt.

Je lui demande quand même :  jusqu’où cela peut-il grimper avant que je n’explose en vol ? 
« J’ai des patients qui sont à 5000 »... ouah, cela me laisse une belle marge de progression ! moi qui suis fan de montagne, je vais pouvoir le gravir l’Everest, mais peut être pas atteindre ces 8848 mètres !

Que me reste-t-il comme options. Rien... attendre que mon colocataire finisse le travail, sortir le plan B, essai thérapeutique, immunothérapie... retourner à Lourdes... réponse dans trois semaines.

Mon produit est en rupture de stock, donc une heure d’attente avant qu’il ne s’en procurent sur un des hôpitaux environnants.

L’infirmière est expérimentée, pourtant, elle râle dès qu’elle me voit. Elle revient sur l’urgence de poser une chambre implantable. Je lui réponds qu’elle ne s’inquiète pas, il y a peu de chance que je lui présente mes veines pour une autre séance.

C’est toujours le même problème. Je ne vais pas céder maintenant alors que la fin du voyage se précise. Je ne passerai ce cap que si l’espoir est au bout du chemin, sinon, c’est pour moi une forme de capitulation. Toujours mon côté obstiné !

Il était évident que la pose allait être compliquée. L’infirmière est tendue, panique, j’ai envie de lui prendre le matériel et de lui dire de me laisser faire ! Je vois la veine, je sais qu’elle est accessible. Elle ne m’écoute pas et finit par utiliser la veine réservée à mes bilans.

C’est assez inconfortable, mais je suis enfin branché après quelques ratés. Le stress non géré de sa part fait que c’est mal branché et qu’elle doit intervenir en cours de perfusion, car il ya une fuite. La suite va se dérouler normalement.

Je savoure le soleil qui m’accueille à la sortie, malgré le froid mordant. J’ai faim, alors un petit sandwich est le bienvenu, et flatte mon palais. Je vais bénéficier d’un court répit avant que les vents contraires ne se lèvent, et que je ne retrouve mes cheveux d’ange !

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