l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

16 févr. 2018

En ce 5 février




En ce 5 février, trois semaines se sont écoulées depuis la dernière séance de chimio. Je commence tout juste à retrouver de l’énergie, mais voici que je dois reprendre la route vers la clinique. Une seule idée en tête : Continuer de se battre, ne pas renoncer. Se battre contre la maladie, l’injustice, un monde meilleur, se battre pour réaliser ses rêves. Survivre à défaut de vivre.

Le matin, je ne sais rien de la tournure que prendra ma journée. Je laisse donc les éléments entrer dans ma vie, au moment opportun, essayant de les accueillir avec confiance, afin de trouver du sens à chaque aspect de ma vie.

Passer les nuits à l’étage, c’est ajouter une difficulté dès lors qu’il s’agit de prendre l’escalier, au petit matin, lorsque le corps a peine à se mettre en marche. Difficultés augmentées par le sciatique qui se réveille depuis quelques semaines et augmente mes douleurs matinales, rendant la descente périlleuse.

J’ai la possibilité de dormir au rez-de-chaussée, alors pourquoi ne pas le faire ? Parce que je suis une tête de mule qui ne veut rien céder. Dormir dans une chambre du bas, c’est capituler. Ce temps viendra, je le sais, mais pour l’instant, c’est hors de question.

Alors je mets en place des stratégies pour passer au-dessus de mes difficultés. Ce corps, il faut qu’il travaille, qu’il ne perde pas d’énergie. Je suis très conscient que mon ennemi est l’affaiblissement. Si celui ci prend le dessus, c’est la fin, alors je lutte contre cela.

A chaque rencontre avec l’oncologue, il s’enquiert des problèmes liés aux effets indésirables des traitements. C’est normal, mais quand un cancer cherche à vous bouffer, cela est pour moi secondaire. Le seul objectif est l’efficacité du traitement, le reste, je gère. 

On vous injecte du poison pour contrôler le cancer. Mais ce poison ne distingue pas ce qui est sain de ce qui relève de la pathologie. Les dégâts collatéraux sont nombreux. On vous propose donc d’autres traitements pour contrer les effets néfastes. C’est un cercle sans fin !

De plus, tout ceci doit être évacué, par les reins et le foie. Ceci va, à terme, entraîner d’autres complications. Je ne peux éviter totalement le recours à d’autres traitements, mais j’essaye de les minimiser.

Ce matin, je viens de découvrir un détail auquel je n’avais pas pensé. J’ai une perte de sensibilité quasi totale au niveau des pieds. Sensation très désagréable, et qui peut présenter un danger. Je me suis brûlé les pieds en entrant dans la douche, car je n’ai pas ressenti la chaleur trop importante de l’eau. Il est facile d’y remédier, encore faut-il y penser ! Dorénavant, je vais tester l’eau avec la main !

Ceux qui ne sont pas en prise directe avec cette maladie ne peuvent imaginer tout ce que cela implique. Quand autour de vous l’on parle de douleur, de fatigue, vous préférez vous taire. Vous l’avez vécu avant le cancer, puis vous avez découvert la réalité de ce que peut être la douleur ou la fatigue quand le crabe vous serre dans ses pinces. Ce n’est pas vraiment la même chose !

Mon dernier bilan sanguin n’est pas des meilleurs. Le taux de PSA continu a grimper vers les sommets ; le bilan hépatique est de plus en plus perturbé. Mais pas moi. J’ai fini par lâcher prise avec cela, c’est le seul moyen que j’ai de ne pas perdre pied, ce qui me permet de retrouver une certaine harmonie.

J’ai pu regarder sereinement le liquide bleu s’écouler dans mes veines. Il reste une séance avant le passage au scanner pour juger de son efficacité.

Je n’ai pas fait le choix du déni de réalité, ni refus du futur, ainsi que de notre inéluctable finitude. Pour l’instant, je quitte la clinique humant à pleins poumons l’air doux de la vie... et en mangeant un sandwich !

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