Une fois de plus je viens d’essayer de payer mon pain avec
la carte vitale ! C’est devenu un réflexe, dégainer sa carte verte aussi vite
que la bleue, problème : Cela ne fonctionne pas pour le pain ! Le stress entraîne une difficulté de concentration, parfois
un peu de confusion qui vous fait perdre vos moyens. Depuis quelques jours, je
suis dans ce cas, mais revenons un peu en arrière...
C’est un homme de petite taille, dont on perçoit l’énergie
qui déborde. D’un âge mûr, cheveux blancs et rides qui strient son visage, il
est d’un abord plutôt rassurant, il est... mon chirurgien. Je viens de lui décrire mon problème, et lui confie tous les
documents en ma possession. Il est très concentré et visiblement soucieux.
« C’est compliqué, très compliqué... la tumeur est très,
trop importante à mon avis. Cela va entraîner une chirurgie lourde et
invalidante... si je dois opérer, il me faut ôter tout le lobe droit et
intervenir sur le gauche. Il faut auparavant, faire gonfler le lobe gauche,
pour qu’il puisse ensuite assurer la fonction de l’autre partie en plus de la
sienne ».
L’explication est limpide ! et je sais déjà que je vais
refuser. Il me pose quelques questions sur ma vie, mon âge, etc. Une tempête s’est
levée en moi, je m’accroche au bastingage pour ne pas tomber à l’eau ! Mon
esprit est incapable de répondre aux questions, je ne sais même plus mon âge !
Intervention de ma compagne qui a compris ma lutte
intérieure. J’arrive à me ressaisir. Le chirurgien continu sa réflexion à voix
haute.
« À mon avis, il faut en un premier temps réduire la taille
de la tumeur. Ensuite nous pourrons peut-être envisager de vous enlever ce qui
reste, sans ôter tout le lobe droit. Une chimio-embolisation est à essayer, ou
quelque chose d’équivalent. Je vais en parler en staff et à votre oncologue. »
Sage décision qui m’est plus acceptable. OK pour ratatiner
cette cochonnerie ! Mon esprit fonctionne mieux, mais le stress est intense. Je
vais faire confiance à cet homme, il va devenir mon meilleur pote ! (Message
personnel : Désolé Teddy, mais je te détrône temporairement de la première
place !)
Il reprend. « J’ai besoin que vous passiez un tep scan, de
la prostate. Il existe un nouveau produit disponible depuis quelque temps dans
la région, et qui va me permettre de mieux appréhender la situation. IRM hépatique
aussi, ce sera utile. »
Je suis en accord avec ses propositions. Nous nous quittons
ainsi, en promettant de nous revoir bientôt. (Ça y est j’ai un nouveau pote !) Je
dois maintenant rencontrer l’oncologue.
Celui-ci, qui est déjà au courant de la conversation avec le
chirurgien, m’accueille avec un grand sourire. C’est parti ! demande de tep
scan, tentative pour prendre un rendez-vous IRM, mais il n’arrive pas à joindre
le service. Je suis donc chargé de prendre le rendez-vous moi-même, avec pour
consigne d’essayer aussi sur Langon si le premier se situe trop loin dans le
temps. Nous nous quittons ainsi, en promettant de nous revoir bientôt (mais lui
est déjà un vieux pote !)
IRM : Pas de rendez-vous possible avant le 16 novembre.
À voir, je pense qu’il en sera de même pour le pet scan.
Le lendemain, après une énième sale nuit, il est huit heures
et le téléphone sonne. C’est Bergonié ! La tep scan c’est pour jeudi, à huit
heures ! Nouvelle phase de confusion dans on esprit. Je viens de faire un bond
de deux ans en arrière, à l’annonce de mon cancer, ou tout s’est enchaîné
rapidement, très rapidement ! La nasse du milieu hospitalier se referme sur moi !
Pas le temps de toucher terre, de se poser.
La tep scan : je vais essayer de vous décrire ce qui m’attend.
Cet examen d’imagerie nucléaire combine la tep et le scanner. La tep repère les
cellules cancéreuses, le scan permet de situer
les images obtenues à la TEP dans leur environnement anatomique. Il
profite donc des fonctions de ces deux formes d’imagerie et les assemble. Ce
système est une avancée médicale majeure ! Il existe environ 670 de ces machines
dans le monde, dont 59 en France, et 2 à Bordeaux !
Patient doit être à jeun bien sûr, afin que le traceur ne se
mélange pas au glucose présent dans l’alimentation, et au repos. Une perfusion
est posée afin que le taux de sucre dans le sang du patient soit mesuré. Il
doit ensuite rester 20 minutes allongé pour qu’aucun muscle ne soit
sollicité, puis on lui injecte un produit de contraste par intraveineuse
dans la veine humérale située dans le pli du coude.
Ensuite, attente durant une heure, le temps que les cellules
ingèrent le traceur. Interdiction de lire, de regarder un écran. En fait, l’on ne
doit donc pratiquement pas bouger ! Puis, transferts en salle d’examen, entièrement
nu,, yeaaah ! vêtu simplement d’une blouse médicale, aaahhhh! S’allonger sur le
lit, plutôt la planche, prévue à cet effet, puis l’examen commence enfin . Voilà le programme des festivités. Je vous donnerai mes
impressions après.
IRM hépatique : Je ne vais pas le décrire, c’est
beaucoup plus connu. Mon problème est que la date est un peu trop éloignée, il
faut essayer de trouver mieux. C’est là que va entrer en scène mon charme
naturel ! Seul, c’est voué à l’échec. Par contre, si c’est un médecin qui prend
le rendez-vous, il y a plus de chance que cela aboutisse. Direction chez ma
généraliste !
C’est la remplaçante qui me reçoit. Je me lance dans une
longue explication, insistant sur l’urgence de ma demande. Elle saisit son
téléphone et la quête commence. Deux échecs, et le troisième essai est le bon.
Rendez-vous pris pour le 2 novembre, et à Langon en prime ! Que du bonheur (enfin
presque).
Je suis rassuré sur mon charme naturel, voilà quelque chose qui fonctionne encore correctement.
Retour à la maison. Annulation de mon IRM du 16. Prise de rendez-vous
avec l’oncologue pour le 3 novembre. Gestion du stress qui me perturbe par l’écoute
de la seule musique qui me pose actuellement, le heavy métal ! eh oui, le métal
m’est vital !
Écriture de ce post... zut ! j’en ai oublié de manger ! Visite
du frigo, après... le vide... je ne sais plus....
Je n’ai pas peur de tout cela. Ce qui me stresse, c’est que
la chimio-embolisation se fait sous anesthésie locale, et je n’aime vraiment
pas cela ! je préfère ne rien voir, ne rien entendre, dormir. Il va falloir
négocier ! Dormir je veux, monsieur le chirurgien. Vous savez le stress c’est
néfaste, alors jouez au marchand de sable, svp, c’est mon seul vœu.
Il me reste à espérer un peu de chance, que la chimio au cœur
de la cellule fonctionne. La suite est une autre histoire que j’espère pouvoir
vous conter, encore longtemps, car, ils me le rappellent souvent, je ne suis
pas guérissable... et moi je me répète souvent, va y mon vieux, fait mentir les
statistiques !
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