Humeurs

mon petit village

Il est six heures, je suis là, sur la terrasse , à boire mon café. Qu'est-ce qui me pousse à me lever aussi tôt? L'attrait de la lumière, le plaisir de voir la nature s'éveiller, le besoin de se sentir vivant. Le petit dix degrés qu'affiche le thermomètre m'y aide amplement! C'est un moment magique ou la beauté de notre planète amène mon esprit à divaguer sur l'existence, la vie, le but de tout cela. Ces questions, il y a longtemps que je me les pose, mais la maladie a exacerbé cela, toute la sensibilité est décuplée.

 Nous sommes nombreux à lutter contre la maladie, quelle qu'elle soit; nombreux à se battre pour conserver la vie, ce bien si précieux. Comment comprendre alors que d'autres s'évertuent à ôter la vie, au nom d'une religion; comment comprendre que des hommes maltraitent d'autres hommes, les privent de liberté, les empêchent de s'exprimer; comment rester stoïque face à la manipulation des esprits, ou l'on amalgame volontairement mœurs, cultures et religions. 

Vous allez me dire que je m'éloigne de la maladie? Pas tant que ça. Elle vous ramène à l'essentiel, elle devient une sorte de prisme qui vous permet d'envisager les choses sous divers angles. Au début vous êtes entièrement tourné vers vous même, puis une fois que vous avez accepté ce qui vous arrive, votre esprit s'ouvre à ce qui vous entoure. Cela ne se fait qu'après une acceptation. Tous ne passent pas ce cap.

Chaque jour, je prends connaissance de l'actualité, diverses sources, consulte les réactions des uns et des autres. Je suis souvent interloqué par l'agressivité qui se dégage des commentaires, le non-respect des opinions, l'éloignement de la réalité et de l'essentiel, la facilité avec laquelle l'esprit peut être manipulé, embrigadé.

Ensuite je visite les forums à la rencontre d'autres malades. J'y vois du questionnement, de l'inquiétude, de la peur, de la révolte, de la colère. Tout ceci est bien légitime. Mais j'y vois aussi des personnes qui ont passé ces étapes et font preuve de réflexion, d'humanité, d'amour, d'espoir. C'est rassurant.

Dans ce tourbillon, je rêve d'un monde meilleur, ou cette minorité qui se donne tout les droits disparaitrait, ou l'homme prendrait conscience de sa faiblesse face au cosmos, de sa dépendance à la terre, notre vaisseau, notre mère à tous. Une humanité qui œuvrerait dans le même sens, celui de la protection de la vie, plutôt que des intérêts particuliers.

Cela vous semble utopique? Surement, mais pourtant, il me semble que la conscience des peuples commence à s'éveiller, qu'un certain changement est en route. J'espère le voir, pour l'instant j'essaye d'y participer avec mes petits moyens.

Dans une semaine, c'est pour moi l'heure de vérité. Je vais savoir si j'ai gagné du temps sur la maladie. Quel que soit le résultat, je vais continuer a alimenter ce blog, donner des nouvelles, relayer de l'information sur ma page Facebook, participer à la vie publique, donner mon opinion, même si elle ne plait pas à tous, continuer à plaisanter, a prendre du plaisir. Ma vie est une infime partie de la vie avec un grand V, je suis dans le train comme vous tous, et je compte y rester...