l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

4 nov. 2017

Un grand frisson



Parfois la vie est bien compliquée, tout au long de ce parcours, nous commettons de nombreuses erreurs, conscientes ou inconscientes, et puis un jour, l’épée de Damoclès s’élève au-dessus de nos têtes, et là, tout prend une autre couleur.

Le retour que nous faisons sur le passé met en lumière ce temps que nous avons gaspillé en refusant de prendre à bras le corps les problèmes que nous avons nous même engendrés. Nous nous remémorons les changements de cap, la joie ou la douleur qui nous a accompagnés lors de ces instants.

Vient le temps des regrets, l’idée que nous aurions pu éviter tout ce qui s’est avéré négatif dans notre vie, simplement, en prenant la vie du bon côté. Mais il est trop tard, bien trop tard. Il ne reste qu’a essayer de vivre pleinement le temps présent, sans penser à hier, sans trop compter sur les lendemains.

Le temps est maussade ce matin, tout comme moi. Une de ces inévitables baisses de moral vient de me toucher suite aux derniers jours passés. 

La batterie d’examens vient de se terminer. Le dernier en date, l’IRM, s’est déroulé à côté de chez moi, m’évitant ainsi un long trajet, mais pas la douleur.

IRM injecté, cela veut dire une nouvelle sollicitation de mes veines qui n’en veulent plus. L’infirmière en charge de me perfuser n’a pas voulu tenir compte de mes mises en garde. Résultat : une première plongée dans le circuit veineux s’est soldée par un échec, la deuxième a atteint son but, mais non sans douleur. J’en ai marre ! 

Installé dans le tube lance-torpille, le temps m’a paru interminable. Le résultat de tout cela n’a fait que préciser ce que je savais déjà. Une énorme tumeur accompagnée d’une plus petite squatte mon foie.

Le médecin m’a gratifié de quelques paroles encourageantes. « Eh bien monsieur, je vous souhaite bon courage, ce n’est pas facile ce qui vous arrive, ce va être lourd à traiter » 

Prend ça dans la tète ! et avec le sourire en plus. Je vous dispense du premier mot qui m’est venu à l’esprit !

Le lendemain, rencontre avec mon ange gardien. Il me détaille les images du Tep-scan. Images d’une précision remarquable ! Bonne nouvelle, aucune tumeur supplémentaire ! Puis il me fait la synthèse de tout cela.

Je mets un terme à ma prise en charge, car tout cela dépasse mes compétences. Vous allez consulter le radiologue, pour choisir la méthode d’embolisation, puis vous rencontrerez l’anesthésiste et le chirurgien. C’est la seule solution, sans cela, je crains que votre cancer explose.

Devant ce nouveau flot de paroles rassurantes, je suis parcouru par un grand frisson. Fin de la prise en charge de l’onco, cela me renvoie un sentiment d’abandon. Je vais devoir modifier mes points de référence, mon dieu maintenant s’appelle bistouri !

Concrètement, réduire et anéantir la tumeur, c’est un essai qui n’a aucune garantie de réussite. Si cela fonctionne, il y a espoir de garder un morceau du foie droit lors de l’opération qui suivra, morceau de lobe qui doit se reconstituer. Dans le cas contraire, il y a ablation de tout le lobe, et je vais devoir fonctionner sur le gauche uniquement. Dans tous les cas de figure, cela ne va pas me guérir, juste me donner un peu de temps supplémentaire. 

Vous qui lisez ces lignes, pensez au dépistage régulier, cela peu vous éviter bien des soucis. Prenez soins de vos vies, de vos conjoints, vos enfants, vos amis, car l’idée que vous allez perdre tout cela, croyez-moi est insupportable. Ne vous embourbez pas dans les soucis, réglez cela tant qu’il est temps, vivez !

Et maintenant ? Je dois attendre que la machine se mette en route. Le radiologue doit me contacter après étude du dossier que lui a remis l’onco, puis tout va aller très vite... normalement.

Cela fait 23 mois que je combats ce mal qui me ronge. Ennemi invisible, sournois, qui après avoir perdu du terrain, a ouvert une large brèche dans mon système de défense. La manœuvre suivante est très délicate. 

Tout le monde attend de moi que je sois courageux, battant, je le suis, pour la bonne raison que je n’ai pas le choix, et puis la défaite je n’arrive toujours pas à l’envisager.

Dans le silence de la pièce, j’écris, car tout ce que l’on garde en soi devient de plus en plus douloureux. Je libère mon esprit, réduis mes tensions. Je préfère cela au bureau d’un psy, qui, j’en suis persuadé, de m’amènera pas de meilleures réponses que celles que je vais trouver moi-même.

Je sens la rivière de vie qui coule en moi ralentir, avec parfois l’envie d’abandonner plutôt que de lutter contre l’inéluctable, mais non, je continue le parcours, avec l’espoir de voir un ciel plus clément s’ouvrir devant moi.

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