Il est sept heures, passeport en main, je m’installe
dans la salle d’embarquement....
Première
phase.
Ah, ce n’est qu’un rêve ! Il est sept heures,
documents d’admission en main, je me trouve dans la salle d’attente de
Bagatelle. Nous sommes cinq réunis en ce lieu, attendant les consignes. l’hôpital
est silencieux, chacun regarde ses pieds...
Une petite infirmière nous convie à la
suivre. Nous voici dispatchés dans nos chambres respectives. Nouvelle attente.
Je me sens très calme, prêt à affronter cette journée.
Voilà, je suis en tenue ! Bleue, large
échancrure sur le dos. Le lit va aussi servir de table d’opération. Huit heures,
le brancardier me conduit trois étages plus bas, au bloc.
Je reçois les consignes, l’infirmière se
prépare à ma perfuser, quand surgit le radiologue. « Il y a un problème, votre
bilan n’est pas complet, le labo n’a pas fourni les plaquettes, je ne peux
intervenir »
Il faut procéder à un nouveau bilan, cela
va donc retarder l’intervention.
Re brancardier, ascenseur, et chambre. Surprise
de ma compagne. Je lui explique avoir choisi la formule express, que tout c’est
bien passée, et que je pense y retourner plus tard, car il ne faut pas se
priver de ce qui est bon !
Attente. Intervention du labo pour me faire
le prélèvement manquant. Nouvelle attente. Vers onze heures, c’est enfin le
nouveau départ. J’ai faim, et rêve de steak frites !
La petite infirmière est remplacée par un
infirmier... dommage. Il me semble d’ailleurs un peu agité ! Il prépare son
matériel en soufflant, ne semblant pas trouver tout le nécessaire.
Pose du garrot et... il disparaît, revient,
cherche, disparaît de nouveau, tout cela en râlant. Une pointe d’inquiétude naît
en moi.
Il revient accompagné de deux infirmières.
La première lui donne un garrot, disant, « mais il est toujours rangé au même
endroit ! » C’est du garrot qu’ils parlent, pas de moi, bien que...
Ils me regardent, et tout le monde réalise
que le fameux garrot, il est accroché à mon bras ! Rires et les opérations vont
enfin pouvoir commencer.
Pose de la perf, avec difficulté, comme de
coutume, but atteint au quatrième essai. Première séquence bonheur !
Me voici recouvert du champ stérile.
Anesthésie locale au niveau du point de ponction, puis la partie de bravoure
commence. Je regrette de ne rien voir, juste imaginer et ressentir.
Quand le trocart traverse la paroi
abdominale, ce n’est pas spécialement douloureux, mais très désagréable.
Quelques bruits inquiétants, deux claquements, puis le médecin me précise qu’il
retire son matériel.
Nouvelle phase difficile. Voilà, c’est terminé,
moins de dix minutes pour le prélèvement, l’intervention dans son ensemble a
duré une trentaine de minutes.
Il ne me faut pas bouger durant les deux premières
heures. Par la suite aucun effort durant au moins 24 heures. Pour l’instant, je
suis en observation jusqu’à 17 heures, pour prévenir toute complication, la
principale étant hémorragique.
Je suis remisé dans le décochement d’un
couloir jusqu’à l’arrivée du brancardier. J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid.
Cela commence à faire long... Il y a quelqu’un !!!
Arrive enfin une brancardière. Elle m’amène
de la compagnie. Une vieille dame, qu’elle abandonne à mes côtés. Et l’attente
se prolonge.
Elle ne m’a pas oublié ! Me voici de retour
en chambre pour une phase d’attente, de plusieurs heures, en bougeant le moins
possible. Je retourne dans mes rêves de nourriture, sachant qu’ils ne seront
exaucés que vers 16 heures !
La douleur coté droit se fait plus
présente et me vaut une tournée d’antalgiques, sous forme de perf. Une toux
régulière maintient cette douleur active. L’infirmière passe toutes les heures.
En attendant, je sommeille ou échange quelques mots avec ma compagne pour qui cette
attente doit paraître interminable.
Il est 16heure ! Pain, confiture, beurre,
madeleines, compote et café, tout est promptement dévoré, je n’en laisse pas
une miette !
17 heures, enfin l’autorisation de quitter
la clinique et de retrouver mon univers familier. Dix jours, le délai d’attente
prévu avant de recevoir des résultats.
Deuxième
phase.
La toux me réveille, ainsi que la douleur
tout au long de la nuit. Quand le jour se lève, la fatigue est là, une douleur
lancinante aussi, cela doit être normal, l’anesthésie ne fait plus effet... nous
sommes le 23 décembre, demain je reçois toute la famille, il faut que je sois
en forme... cela va aller.
Au fil de la matinée, la douleur se montre
plus aiguë, de plus, je tousse en permanence, ce qui n’arrange pas les choses.
En matière de douleur, jusqu’à ce jour, ma
référence ultime, c’est l’abcès dentaire, le truc qui rend fou. Ce n’est rien à
côté de ce qui va suivre !
En quelques minutes une douleur fulgurante
me traverse le côté. Incontrôlable. Panique à bord. Je hurle, me tord de
douleur... « sur une échelle de 1 à 10, comment qualifiez-vous la douleur ? » 15 !
Impossible de joindre le SAMU, les pompiers
ne répondent pas, le temps se fige. Ma compagne est paniquée. Je suis très
agité. Chaque inspiration est une torture, je commence à m’asphyxier.
Ce sont les pompiers qui répondent les
premiers. C’est là que l’on regrette de ne pas habiter en ville, car il leur
faut trois quarts d’heure avant d’arriver à la maison. Interminable !
Ce que je pense à cet instant ? C’est
terminé ! il vont arriver trop tard. Hémorragie ? Pneumothorax ? Cela peut y
ressembler. En réduisant mes inspirations au minimum vital, j’arrive à me calmer,
un peu.
Une bonne partie du quartier est là, à
essayer de m’aider comme ils peuvent. Attendant les pompiers pour les guider
jusqu’à moi, ou a me soutenir par leur présence. (Merci à vous tous)
Ils arrivent enfin. Je suis toujours
persuadé que c’est la fin. Des visages inquiets m’entourent. Les pompiers
essayent de me rassurer comme ils peuvent.
Appareillé, installé avec précaution
dans le camion, c’est a trente à l’heure que je vais rejoindre les urgences.
Trajet ponctué de quelques coups de sirène quand nous brûlons les feux. Moi je
me consume de l’intérieur.
La porte s’ouvre, tout mon fan-club est là !
Compagne, filles, amis... Le pompier me propose son stylo pour signer les
autographes. Ne pas rire, ça fait mal !
Première dose de morphine, puis les
premiers examens. Dégagé dans une autre salle, nouveaux examens et morphine en
perf. La douleur s’atténue légèrement. Attente des résultats.
Le médecin écarte rapidement les deux
hypothèses évoquées précédemment. Ils ne savent pas ce qui a généré cette
douleur. Bonne nouvelle, je ne vais pas mourir de suite, je vais avoir le temps
d’ouvrir mes cadeaux, et surtout le plaisir de voir les autres ouvrir les
leurs.
En fin de journée, au vu des résultats, et après
avoir contacté Bordeaux nord et Bagatelle, je suis autorisé à rentrer chez moi.
La douleur est contrôlée par la morphine. Je sors avec une prescription de ce
produit et la consigne de revenir au moindre doute. L’origine du problème reste
un mystère.
Durant tout cet épisode, étrangement, je n’ai
pas ressenti la peur, contrairement à mon entourage, dominé par celle-ci, ce
qui n’a pas empêché ma compagne de très bien gérer la situation, une fois de
plus.
La seule chose qui m’a contrarié en cet
instant? le fait de partir trop tôt, avant d’avoir réuni tout le monde, comme
prévu pour les fêtes. En ce 24 décembre, malgré cette fatigue intense qui m’accompagne,
la soirée a réuni toute la famille, c’était mon souhait. Voilà c’est fait. Un
moment de bonheur.
Je suis toujours dominé par la fatigue,
mais point de douleur. Il ne reste qu’à attendre les résultats de la biopsie.
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