l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

26 déc. 2017

biopsie transpariétale




Il est sept heures, passeport en main, je m’installe dans la salle d’embarquement....

Première phase.
Ah, ce n’est qu’un rêve ! Il est sept heures, documents d’admission en main, je me trouve dans la salle d’attente de Bagatelle. Nous sommes cinq réunis en ce lieu, attendant les consignes. l’hôpital est silencieux, chacun regarde ses pieds...

Une petite infirmière nous convie à la suivre. Nous voici dispatchés dans nos chambres respectives. Nouvelle attente. Je me sens très calme, prêt à affronter cette journée.

Voilà, je suis en tenue ! Bleue, large échancrure sur le dos. Le lit va aussi servir de table d’opération. Huit heures, le brancardier me conduit trois étages plus bas, au bloc.

Je reçois les consignes, l’infirmière se prépare à ma perfuser, quand surgit le radiologue. « Il y a un problème, votre bilan n’est pas complet, le labo n’a pas fourni les plaquettes, je ne peux intervenir »
Il faut procéder à un nouveau bilan, cela va donc retarder l’intervention.

Re brancardier, ascenseur, et chambre. Surprise de ma compagne. Je lui explique avoir choisi la formule express, que tout c’est bien passée, et que je pense y retourner plus tard, car il ne faut pas se priver de ce qui est bon !

Attente. Intervention du labo pour me faire le prélèvement manquant. Nouvelle attente. Vers onze heures, c’est enfin le nouveau départ. J’ai faim, et rêve de steak frites !

La petite infirmière est remplacée par un infirmier... dommage. Il me semble d’ailleurs un peu agité ! Il prépare son matériel en soufflant, ne semblant pas trouver tout le nécessaire.

Pose du garrot et... il disparaît, revient, cherche, disparaît de nouveau, tout cela en râlant. Une pointe d’inquiétude naît en moi.

Il revient accompagné de deux infirmières. La première lui donne un garrot, disant, « mais il est toujours rangé au même endroit ! » C’est du garrot qu’ils parlent, pas de moi, bien que...

Ils me regardent, et tout le monde réalise que le fameux garrot, il est accroché à mon bras ! Rires et les opérations vont enfin pouvoir commencer.

Pose de la perf, avec difficulté, comme de coutume, but atteint au quatrième essai. Première séquence bonheur !

Me voici recouvert du champ stérile. Anesthésie locale au niveau du point de ponction, puis la partie de bravoure commence. Je regrette de ne rien voir, juste imaginer et ressentir.

Quand le trocart traverse la paroi abdominale, ce n’est pas spécialement douloureux, mais très désagréable. Quelques bruits inquiétants, deux claquements, puis le médecin me précise qu’il retire son matériel.

Nouvelle phase difficile. Voilà, c’est terminé, moins de dix minutes pour le prélèvement, l’intervention dans son ensemble a duré une trentaine de minutes.

Il ne me faut pas bouger durant les deux premières heures. Par la suite aucun effort durant au moins 24 heures. Pour l’instant, je suis en observation jusqu’à 17 heures, pour prévenir toute complication, la principale étant hémorragique.

Je suis remisé dans le décochement d’un couloir jusqu’à l’arrivée du brancardier. J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid. Cela commence à faire long... Il y a quelqu’un !!! 

Arrive enfin une brancardière. Elle m’amène de la compagnie. Une vieille dame, qu’elle abandonne à mes côtés. Et l’attente se prolonge.

Elle ne m’a pas oublié ! Me voici de retour en chambre pour une phase d’attente, de plusieurs heures, en bougeant le moins possible. Je retourne dans mes rêves de nourriture, sachant qu’ils ne seront exaucés que vers 16 heures !

La douleur coté droit se fait plus présente et me vaut une tournée d’antalgiques, sous forme de perf. Une toux régulière maintient cette douleur active. L’infirmière passe toutes les heures. En attendant, je sommeille ou échange quelques mots avec ma compagne pour qui cette attente doit paraître interminable.

Il est 16heure ! Pain, confiture, beurre, madeleines, compote et café, tout est promptement dévoré, je n’en laisse pas une miette !

17 heures, enfin l’autorisation de quitter la clinique et de retrouver mon univers familier. Dix jours, le délai d’attente prévu avant de recevoir des résultats.

Deuxième phase.

La toux me réveille, ainsi que la douleur tout au long de la nuit. Quand le jour se lève, la fatigue est là, une douleur lancinante aussi, cela doit être normal, l’anesthésie ne fait plus effet... nous sommes le 23 décembre, demain je reçois toute la famille, il faut que je sois en forme... cela va aller.

Au fil de la matinée, la douleur se montre plus aiguë, de plus, je tousse en permanence, ce qui n’arrange pas les choses.

En matière de douleur, jusqu’à ce jour, ma référence ultime, c’est l’abcès dentaire, le truc qui rend fou. Ce n’est rien à côté de ce qui va suivre !

En quelques minutes une douleur fulgurante me traverse le côté. Incontrôlable. Panique à bord. Je hurle, me tord de douleur... « sur une échelle de 1 à 10, comment qualifiez-vous la douleur ? » 15 !

Impossible de joindre le SAMU, les pompiers ne répondent pas, le temps se fige. Ma compagne est paniquée. Je suis très agité. Chaque inspiration est une torture, je commence à m’asphyxier.

Ce sont les pompiers qui répondent les premiers. C’est là que l’on regrette de ne pas habiter en ville, car il leur faut trois quarts d’heure avant d’arriver à la maison. Interminable !

Ce que je pense à cet instant ? C’est terminé ! il vont arriver trop tard. Hémorragie ? Pneumothorax ? Cela peut y ressembler. En réduisant mes inspirations au minimum vital, j’arrive à me calmer, un peu.

Une bonne partie du quartier est là, à essayer de m’aider comme ils peuvent. Attendant les pompiers pour les guider jusqu’à moi, ou a me soutenir par leur présence. (Merci à vous tous)

Ils arrivent enfin. Je suis toujours persuadé que c’est la fin. Des visages inquiets m’entourent. Les pompiers essayent de me rassurer comme ils peuvent.

Appareillé, installé avec précaution dans le camion, c’est a trente à l’heure que je vais rejoindre les urgences. Trajet ponctué de quelques coups de sirène quand nous brûlons les feux. Moi je me consume de l’intérieur.

La porte s’ouvre, tout mon fan-club est là ! Compagne, filles, amis... Le pompier me propose son stylo pour signer les autographes. Ne pas rire, ça fait mal !

Première dose de morphine, puis les premiers examens. Dégagé dans une autre salle, nouveaux examens et morphine en perf. La douleur s’atténue légèrement. Attente des résultats.

Le médecin écarte rapidement les deux hypothèses évoquées précédemment. Ils ne savent pas ce qui a généré cette douleur. Bonne nouvelle, je ne vais pas mourir de suite, je vais avoir le temps d’ouvrir mes cadeaux, et surtout le plaisir de voir les autres ouvrir les leurs.

En fin de journée, au vu des résultats, et après avoir contacté Bordeaux nord et Bagatelle, je suis autorisé à rentrer chez moi. La douleur est contrôlée par la morphine. Je sors avec une prescription de ce produit et la consigne de revenir au moindre doute. L’origine du problème reste un mystère. 

Durant tout cet épisode, étrangement, je n’ai pas ressenti la peur, contrairement à mon entourage, dominé par celle-ci, ce qui n’a pas empêché ma compagne de très bien gérer la situation, une fois de plus.

La seule chose qui m’a contrarié en cet instant? le fait de partir trop tôt, avant d’avoir réuni tout le monde, comme prévu pour les fêtes. En ce 24 décembre, malgré cette fatigue intense qui m’accompagne, la soirée a réuni toute la famille, c’était mon souhait. Voilà c’est fait. Un moment de bonheur.
Je suis toujours dominé par la fatigue, mais point de douleur. Il ne reste qu’à attendre les résultats de la biopsie.

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