l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

2 déc. 2017

Into the wild




Into the wild, film culte, hypnotique, émouvant, que j'adore. Le héros meurt à la fin en bouffant une patate malveillante. Eh bien, me voici into the wild, dans la jungle, ou ma patate à moi se nomme cancer.

« Ça va plutôt bien. Je suis fatigué, mais ne lâche rien » voilà la formule généralement employée lorsque l’on me demande des nouvelles. C’est pratique, m’évite de développer et correspond a ce que chacun préfère entendre dire, vu que je dois être courageux, battant, etc...

Mais voilà, je ne suis pas un héros, simplement un homme parmi des milliers, qui subit une situation contre laquelle il ne peut rien. Un homme très conscient de la réalité et qui sait que la mort est au bout du chemin. Ce que je ne sais pas, c’est à quel moment.

Chaque phase d’évolution de la maladie donne des indications sur ce moment fatidique. Les évènements de ces derniers jours ne me rendent pas optimiste. Cela devient très compliqué.

En ce premier décembre, je suis reçu par l’oncologue. Il consulte mon dossier, visiblement soucieux. J’ai vraiment le sentiment qu’il cherche à se donner une certaine contenance avant de s’adresser à moi, et je ne me trompe pas.

« Comment allez-vous ? » À question d’usage, réponse d’usage. « Vu la situation, physiquement, pas trop mal ». Sous entendu que pour le reste, c’est moins bon.

Il emploie un ton doucereux pour la suite, ce qui ne me laisse envisager rien de bon. Il se lance !
« Le radiothérapeute ne veut plus s’occuper de vous, et le chirurgien non plus ». Il m’observe pour voir ma réaction. Je reste de marbre, car je sentais bien qu’il y avait un problème, mais ce n’est pas celui-là que j’avais envisagé.

Explication : Ces deux personnes me renvoient vers l’oncologue, car ils n’ont pas trouvé de compromis. Chacun jugeant que l’opération comporte trop de risque, car la tumeur est mal placée. Située sur le segment IV et V, elle mesure 70X79 mm, ce n’est pas une grosse tumeur, mais plutôt une énorme tumeur !

Qui a inventé ce terme de tumeur ! cela te met d’entrée dans l’ambiance. Et là, c’est le cas, l’onco dit, si « on t’opère, tu meurs ! trop de risque hémorragique, et personne pour l’assumer, ce risque.

Voilà qui résout mon problème de décision à prendre, vu qu’il n’y en a pas ! Je devrais être soulagé, mais non, car il y a la suite. Et là aussi, la suite, il n’y en a pas !
 
Il affiche un mal-être extrême. Il n’a pas de plan B. Je peux vous proposer de la radiothérapie... ou une chimiothérapie... ou... mais attention, pas de faux espoirs, je ne vais pas vous guérir !

Voilà la phrase qui m’énerve ! alors je vais reprendre les rênes... cela tombe bien c’est la période, bientôt Noël (humour noir !)

Je lui demande si une biopsie ne peut pas lever le doute qui existe sur l’origine de la tumeur, et le fait qu’elle ai résisté a la chimio, et donc, donner quelques pistes a suivre.

Il conçoit que cela peut donner quelques orientations thérapeutiques et permettre de proposer une chimio plus ciblée. Affaire conclue. Va pour la biopsie.

Rendez-vous est pris pour le 15 décembre, à Bagatelle, avec un nouveau radiologue, vu qu’il est en froid avec celui de Bordeaux nord.

Le voilà plus détendu, il me dit : » Il faut faire quelque chose, vous êtes en relative forme physique, je ne peux pas vous laisser dans cette situation. Dans le cas contraire, je vous aurai proposé une chimio palliative, mais là, je vais faire de mon mieux. »

Merci patron ! Le combat continu.

Nous nous quittons sur ces bonnes paroles, nous donnant rendez-vous, après la biopsie.

Entretien très éprouvant. À demi-mots, il m’a laissé comprendre que les chances de survie sont très minces, arrivant même a prononcer le mot « mort », ce qui lui a visiblement coûté.

Moralement, je garde le cap, pas d’autres solutions. Je ne me suis jamais fait d’illusion, mais le coup est difficile à encaisser.

Ce qui m’étonne le plus, c’est que j’envisage tout ceci froidement. 2018, année de mes 60 ans, année cruciale, peut être la dernière pour moi. Et je dis cela, sans état d’âme. En fait, je crois que quelque chose est déjà mort en moi. Il n’y a ni haine ni colère, juste le froid...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, utiliser le formulaire de contact, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.