Drôle d'anniversaire. C'est celui des deux ans de cette foutue maladie qui me
ronge inexorablement. Deux ans que je connais la présence de ce colocataire
encombrant qui partage tous mes instants de vie.
Il m'accompagne partout, mange quand je mange, me ronge quand je dors, me
freine quand je marche, m'embrouille l'esprit quand je lis, s'invite durant mes
vacances. Je vis une sorte de ménage à trois avec ma compagne!
Cet être maléfique qui ne me veut
que du mal, deux ans que je le contrarie. Tout d'abord avec les traitements qui
l'ont obligé a se replier dans sa cage durant plusieurs mois. Avec mon idée
tenace de faire mentir les pronostics. Avec ce moral que je dope en permanence
pour garder l'énergie nécessaire à ce combat.
Deux ans que je le tourne en dérision, prenant tout avec recul et humour.
L'humour, c'est comme l'ecstasy, sans les effets nocifs, Il
donne une agréable sensation, déformant la réalité, la rendant
de cette façon plus supportable.
Le cerveau est aux commandes. Il sert à maintenir un certain
bien-être, aide à monter au front sans crainte, il rend l'idée de mort plus
tolérable. Trouver une sérénité intérieure et la préserver, permets de
retrouver un certain équilibre de vie.
Ce n'est pas facile, mais je mets toutes les chances de mon
côté pour ne pas rester emprisonné dans le cercle des pensées négatives et
éviter le stress. Et puis je crois fermement que cela peut aider le système
immunitaire à lutter.
Des vents contraires se sont levés. Bien que je m'affirme
ouvertement contre l'adversité, le pronostic négatif de ces dernières semaines
m'oblige à envisager la défaite. Si la maladie gagne la partie, j'aurai au
moins essayé.
Je pense à la fin de vie, au droit de partir dignement. En
France, il y a encore des progrès à faire dans ce domaine. Cela pousse de
nombreuses personnes à se tourner vers la suisse ou la Belgique, ou la réglementation
est différente, ce qui ne veut pas dire moins stricte.
Vous pouvez vous douter que je me suis renseigné. Le cancer
à volé ma vie, comment puis je lui voler la victoire? Et bien ce n'est pas
aussi simple que cela!
Il y a tout d'abord le côté administratif, les autorisations.
Ce n'est pas insurmontable, mais c'est un
nouveau parcours des combattants.
Et puis il y a le côté financier. 10000 euros en moyenne! Je
m'imagine aller voir le banquier. "C'est pour un prêt personnel, juste dix
mille, je prends aussi l'assurance décès bien sûr!"
La sélection par l'argent jusqu'à son dernier souffle, et
même après!
Reste la piste du système D. moins chère, mais plus
douloureuse. Mais ne vous inquiétez pas, je n'en suis pas là, c'est juste au
cas ou! J'y pense parfois...
Le temps passe, plus de traitement, cela laisse le champ
libre à mon alien. Le temps que l'on procède au prélèvement, que l'on obtienne
les résultats, que soit mis en place un nouveau traitement, il va s'écouler
plusieurs semaines, ce qui ajouté au temps déjà passé, va se chiffrer en mois
perdus face à la maladie, qui elle, ne fait pas de pose.
Alors oui, je me prépare au pire. Oui, je garde le cap. Oui
j'affronte la tempête. Oui, je suis inquiet, mais non, il n'est pas question de
baisser les bras.
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