l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

18 juin 2018

Hospitalisation, jour 1





Voilà, les 60 ans sont consommés, et la maladie va une fois de plus perturber mes plans.

Mes problèmes respiratoires prennent de telles proportions qu’une consultation chez ma généraliste s’impose.

Celle-ci est très embarrassée et craint de passer à côté d’un problème mettant en jeu ma vie.
Elle demande conseil à mon oncologue, insiste pour que je passe au moins un scanner. Celui-ci finit par céder. 

Je dois me présenter en hospitalisation, jeudi, à la clinique, pour une série d’examens.
Je suis enchanté. L’idée de passer ma journée, voire plus, à la clinique, me met de méchante humeur, mais il faut se rendre à la raison, mon état de santé se dégrade, il me faut des réponses.

Neuf heures, à la sortie de l’ascenseur, ma compagne et moi-même tombons nez à nez avec mon ange gardien. Celui-ci ne me jette pas un regard, mais prends la main de ma compagne, la gratifiant d’un « Mes sincères condoléances »

Le mort bien vivant que je suis reste interloqué. Ma compagne bredouille « je crois que vous faites erreur ». Mon oncologue vient de passer en un instant du statut d’ange gardien à celui de Gaston Lagaffe !

Gaston éclate d’un rire gêné, nous aussi, et se confond en excuses. La journée commence bien !
L’infirmière me dirige vers ma chambre. Chambre double, malgré ma demande. Un nouveau nuage vient obscurcir mon esprit. Pour l’instant je suis seul. 

L’infirmière me donne des précisions sur ma journée, car jusque là, je ne suis au courant de rien. Le programme se décompose ainsi : Bilan sanguin, pneumologue, cardiologue. Visite de l’oncologue à midi, scanner, puis dans l’après-midi, résultats et revisite de l’onco.

Très bien. J’annonce qu’il est hors de question que je passe la nuit ici. Depuis que je suis entré dans cette chambre, je me sens mal. L’odeur qui y règne me fait penser à la mort. (en fait ce sont les produits ménagers) J’arpente cette chambre de long en large, ayant ouvert en grand la fenêtre, à la recherche d’air pur.

La pression monte en moi. Il est 11 heures quand l’on vient enfin me faire le bilan sanguin. L’infirmière est mignonne, enceinte, et maladroite... Premières souffrances de la journée, et aucun examen supplémentaire, ni visite de Gaston. Je me demande si je vais pouvoir quitter la clinique ce soir.

Midi trente le repas. Les cuistots n’ont pas le même but que les soignants, le repas n’est pas fait pour améliorer votre bien-être ! sur le coup ma compagne me cède la moitié de son sandwich afin que je m’alimente un peu.

Je suis très taciturne, continuant à arpenter la chambre, alimentant ma colère devant l’inertie qui règne.

À 14 h 30, je rejoins le scanner. Une petite injection, un tour dans la porte des étoiles et retour en chambre. Nouvelle attente, et je dois aller chez le cardio. Enfin cela s’agite !

L’examen ne révèle aucun problème. Bonne nouvelle. Retour en chambre et nouvelle attente.

Arrivée d’une laborantine... pour un bilan sanguin... enfin, les PSA, que l’onco vient de demander. Pourquoi ne pas tout faire ce matin ? J’enrage ! Nouvelle souffrance, car le geste est plutôt violent, sans précaution, au lieu d’injection utilisé pour le scanner. La veine va avoir du mal a s’en remettre.

Il manque le pneumologue. L’infirmière me dit qu’il va falloir attendre demain. De plus l’onco vient de demander une analyse d’urine sur 24 heures et une scintigraphie. 

Je suis très mécontent. Tout arrive par petit bout, comme si rien n’avait été organisé. Je répète que je ne reste pas ce soir, hors de question de passer la nuit ici, je vais exploser ! 

L’infirmière va prévenir l’onco, il doit me rencontrer en fin de journée. Je vais donc attendre...
18 h 30, heure du repas... que je refuse. Mon état d’agitation est extrême, rien ne me calme. Une seule idée en tête, partir.

À 19 h, l’infirmière me dit ne pouvoir joindre l’onco. Je souhaite sortir contre avis médical. Elle est très embarrassée et moi très en colère. Elle me propose d’attendre 20 heures. J’accepte du bout des lèvres.

À 19 h 30, je craque, prends mon sac, malgré le fait que ma compagne est contre ma décision. Au bureau on me balance un papier à signer, me fermant la porte sur le nez. Je n’ai pas de stylo et personne ne m’en donne.

Je finis par en trouver un, et remplis le formulaire appuyé sur le mur du bureau. Une main le récupère sans un mot. À ce moment-là, je suis prêt à décalquer le premier qui se met en travers de mon chemin, la violence prenant le pas sur la réflexion. C’est hors de moi, hors de contrôle, que je quitte la clinique.

Terminé le gentil patient qui accepte tout sans broncher. Je considère cette journée comme un exemple de désorganisation, et l’attitude de l’oncologue comme un manque de respect.

Pourtant je compte revenir demain pour la scintigraphie et régler mon différend avec l’oncologue.

Le retour se fait en silence, ma colère toujours très présente m’incite à me taire, et ma compagne fait de même, car elle sait que dans ces moments là, je suis inaccessible.

Je n’ai aucun remords par rapport à mon attitude qui pour certains peut être un manque de respect de ma part, mais qui pour moi, marque un important mal-être qui n’a pas été pris en compte par les soignants.

Et il va y avoir le jour 2..... Après une mauvaise nuit et une colère qui ne faiblit pas..... histoire du prochain post.


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