Voilà, les 60 ans sont consommés, et la maladie va une fois
de plus perturber mes plans.
Mes problèmes respiratoires prennent de telles proportions
qu’une consultation chez ma généraliste s’impose.
Celle-ci est très embarrassée
et craint de passer à côté d’un problème mettant en jeu ma vie.
Elle demande conseil à mon oncologue, insiste pour que je
passe au moins un scanner. Celui-ci finit par céder.
Je dois me présenter en
hospitalisation, jeudi, à la clinique, pour une série d’examens.
Je suis enchanté. L’idée de passer ma journée, voire plus, à
la clinique, me met de méchante humeur, mais il faut se rendre à la raison, mon
état de santé se dégrade, il me faut des réponses.
Neuf heures, à la sortie de l’ascenseur, ma compagne et moi-même
tombons nez à nez avec mon ange gardien. Celui-ci ne me jette pas un regard,
mais prends la main de ma compagne, la gratifiant d’un « Mes sincères
condoléances »
Le mort bien vivant que je suis reste interloqué. Ma
compagne bredouille « je crois que vous faites erreur ». Mon oncologue vient de
passer en un instant du statut d’ange gardien à celui de Gaston Lagaffe !
Gaston éclate d’un rire gêné, nous aussi, et se confond en
excuses. La journée commence bien !
L’infirmière me dirige vers ma chambre. Chambre double,
malgré ma demande. Un nouveau nuage vient obscurcir mon esprit. Pour l’instant
je suis seul.
L’infirmière me donne des précisions sur ma journée, car
jusque là, je ne suis au courant de rien. Le programme se décompose ainsi :
Bilan sanguin, pneumologue, cardiologue. Visite de l’oncologue à midi, scanner,
puis dans l’après-midi, résultats et revisite de l’onco.
Très bien. J’annonce qu’il est hors de question que je passe
la nuit ici. Depuis que je suis entré dans cette chambre, je me sens mal. L’odeur
qui y règne me fait penser à la mort. (en fait ce sont les produits ménagers) J’arpente
cette chambre de long en large, ayant ouvert en grand la fenêtre, à la
recherche d’air pur.
La pression monte en moi. Il est 11 heures quand l’on vient
enfin me faire le bilan sanguin. L’infirmière est mignonne, enceinte, et
maladroite... Premières souffrances de la journée, et aucun examen
supplémentaire, ni visite de Gaston. Je me demande si je vais pouvoir quitter
la clinique ce soir.
Midi trente le repas. Les cuistots n’ont pas le même but que
les soignants, le repas n’est pas fait pour améliorer votre bien-être ! sur le
coup ma compagne me cède la moitié de son sandwich afin que je m’alimente un
peu.
Je suis très taciturne, continuant à arpenter la chambre,
alimentant ma colère devant l’inertie qui règne.
À 14 h 30, je rejoins le scanner. Une petite
injection, un tour dans la porte des étoiles et retour en chambre. Nouvelle
attente, et je dois aller chez le cardio. Enfin cela s’agite !
L’examen ne révèle aucun problème. Bonne nouvelle. Retour en
chambre et nouvelle attente.
Arrivée d’une laborantine... pour un bilan sanguin... enfin,
les PSA, que l’onco vient de demander. Pourquoi ne pas tout faire ce matin ? J’enrage !
Nouvelle souffrance, car le geste est plutôt violent, sans précaution, au lieu
d’injection utilisé pour le scanner. La veine va avoir du mal a s’en remettre.
Il manque le pneumologue. L’infirmière me dit qu’il va
falloir attendre demain. De plus l’onco vient de demander une analyse d’urine
sur 24 heures et une scintigraphie.
Je suis très mécontent. Tout arrive par petit bout, comme si
rien n’avait été organisé. Je répète que je ne reste pas ce soir, hors de
question de passer la nuit ici, je vais exploser !
L’infirmière va prévenir l’onco, il doit me rencontrer en
fin de journée. Je vais donc attendre...
18 h 30, heure du repas... que je refuse. Mon état
d’agitation est extrême, rien ne me calme. Une seule idée en tête, partir.
À 19 h, l’infirmière me dit ne pouvoir joindre l’onco.
Je souhaite sortir contre avis médical. Elle est très embarrassée et moi très
en colère. Elle me propose d’attendre 20 heures. J’accepte du bout des lèvres.
À 19 h 30, je craque, prends mon sac, malgré le
fait que ma compagne est contre ma décision. Au bureau on me balance un papier
à signer, me fermant la porte sur le nez. Je n’ai pas de stylo et personne ne m’en
donne.
Je finis par en trouver un, et remplis le formulaire appuyé
sur le mur du bureau. Une main le récupère sans un mot. À ce moment-là, je suis
prêt à décalquer le premier qui se met en travers de mon chemin, la violence
prenant le pas sur la réflexion. C’est hors de moi, hors de contrôle, que je
quitte la clinique.
Terminé le gentil patient qui accepte tout sans broncher. Je
considère cette journée comme un exemple de désorganisation, et l’attitude de l’oncologue
comme un manque de respect.
Pourtant je compte revenir demain pour la scintigraphie et
régler mon différend avec l’oncologue.
Le retour se fait en silence, ma colère toujours très
présente m’incite à me taire, et ma compagne fait de même, car elle sait que
dans ces moments là, je suis inaccessible.
Je n’ai aucun remords par rapport à mon attitude qui pour
certains peut être un manque de respect de ma part, mais qui pour moi, marque
un important mal-être qui n’a pas été pris en compte par les soignants.
Et il va y avoir le jour 2..... Après une mauvaise nuit
et une colère qui ne faiblit pas..... histoire du prochain post.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, utiliser le formulaire de contact, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.