Voilà que j’évite à nouveau les miroirs. Le reflet de ce
corps me semble étranger. La fonte musculaire est particulièrement visible. L’abdomen
est constamment tendu, la tumeur hépatique donne l’impression qu’elle veut
sortir de mon corps. Le visage se creuse de plus en plus... bref, ce n’est plus
moi.
Le besoin d’aide pour les gestes de la vie quotidienne s’impose.
Je n’aime pas demander, mais je n’ai pas le choix et sollicite de plus en plus
ma compagne. Comment vit elle cette dégradation, je ne sais pas, elle ne dit
rien, mais je sais qu’elle souffre, se sentant impuissante devant mes
difficultés croissantes.
Je viens d’investir la nouvelle chambre. Le sommeil est
toujours perturbé, mais j’arrive à dormir correctement jusqu’à 4 heures,
ensuite, cela se complique.
Je me lève aussi épuisé que lorsque je me suis couché.
Chaque effort physique est un calvaire. Je m’essouffle, je m’étouffe, je ne
suis plus capable de m’activer.
Mes journées ? Du fauteuil au canapé, regarder la tv, lire,
écrire... tout cela perturbé par des difficultés de concentration, des troubles
de la mémoire. Cette vie n’est pas confortable. Moralement, il y a un mieux,
car je viens de réintroduire les antidépresseurs dans mon alimentation.
C’est difficile d’accepter ce déclin. Difficile d’accepter
que le traitement que vous prenez soit considéré comme palliatif. Difficile de se
voir mourir à petit feu...
Car il ne faut pas se voiler la face, la vie s’échappe
lentement, il n’y a pas grand-chose à faire, ou alors attendre un miracle, une
potion magique, l’intervention d’un ange gardien, un vrai !
Le voyage en Bretagne est organisé, direction Roscoff dans
quelques jours. Je sais que je ne vais pas en profiter pleinement, mais qu’importe,
je part... le dernier voyage peut être. J’appréhende déjà le retour et ce qui m’attend.
L’idée de la mort m’accompagne chaque jour. Avec cela, le
fait qu’il me faut organiser ce départ. Les obsèques, la protection de ma mère,
mes proches. Qui va écrire la conclusion sur ce blog... et bien d’autres
choses.
Mes propos sont sûrement difficiles à lire, mais ce n’est
que la réalité. Je ne suis pas triste, juste inquiet. Des regrets ? Un seul,
que l’histoire s’arrête aussi vite. Je n’avais jamais pensé devenir centenaire,
mais quand même, j’espérai que le temps qui m’était alloué n’était pas aussi
court.
Vos messages me font
du bien, mais je ne trouve plus la force de vous répondre, j’en suis désolé. Les
mots me fuient, mon colocataire prend tout l’espace.
Je remercie particulièrement « Flo et JP » amis depuis...
longtemps, et qui continuent à me rendre visite régulièrement. Ce ne doit pas être
facile d’assister à ma déchéance. Ces petites visites me font chaud au cœur, me
tirant quelques instants de ma morosité.
Je remercie bien sûr tous ceux qui osent encore venir à la
maison, qui prennent de leur temps, m’écoutent, me soutiennent comme ils
peuvent. Vous n’imaginez pas combien cela est devenu important !
Quant à mes très proches... merci n’est même pas suffisant,
sans eux, je n’existe plus.
Il va être l’heure d’avaler les quatre gélules de Xtandi. Pourquoi
sont-elles aussi grosses ! cela passe avec difficulté. Elles sont pour l’instant
mon ultime espoir de faire baisser mon taux de PSA, de ralentir le processus
destructeur de mon cancer.
Pour le moment, j’espère que la Bretagne va me gratifier d’un
beau ciel bleu, avec moins de chaleur que celle qui règne sur la Gironde, car
je la supporte avec difficulté.
Je vous quitte là. Je ne sais si je vais écrire dans les
jours à venir, peut être depuis la Bretagne vu que je vais bénéficier d’une connexion
wi-fi.
A bientôt, l’histoire ne s’arrête pas là !
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