l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

4 avr. 2016

Radiothérapie et blouses blanches




À peine arrivé de ma séance de radiothérapie, je me jette sur mon clavier pour consigner mes premières impressions. Je pénètre dans la clinique par l'entrée du scanner, cela grouille de vie, je croise des médecins, des infirmières, des secrétaires, des .... je ne sais quoi, mais tous ont le pas décidé. Ils circulent parfois par deux, souvent seuls, le cartable à la main pour ceux en civil. Une sorte de ruche. Des patients en attente, d'autres en mouvement vers une autre partie de la clinique. Là, le pas est moins rapide, souvent moins assuré. Certains visages sont fermés, d'autres souriants. Je traverse les couloirs pour me diriger vers le sous-sol. C'est ici que sont regroupés les cancéreux ( ce mot, je l'emploie, mais il me fait frissonner). Chaque fois que je descends ces marches, cela me renvoie un sentiment de malaise. Le sous-sol, c'est surement une raison pratique où je ne sais quoi. Ma sensibilité m'incite à y voir un symbole négatif. Suis je le seul ?


Toujours est-il, que l'atmosphère change brutalement. Ce n'est pas le silence, mais presque. Les files d'attente à l'accueil, pas de bruit. Les personnes qui attendent l'oncologue, pas un mot. L'attente pour la radiothérapie, chacun regarde ses pieds. Drôle d'ambiance. 

Je suis très en avance. Trois sièges, une place libre, mais une personne est debout et s'agite. Elle interpelle tout le monde, fait de fréquents allez retour aux toilettes, mais pour boire. C'est le seul qui met de la vie dans cet endroit. Je repère rapidement qu'il est accompagné, par une blouse blanche, estampillée ch de Cadillac. Une collègue! Je n'y suis plus employé, mais ce sont toujours des collègues! Je demande à ce monsieur s'il ne veut pas s'asseoir, sa réponse est négative, je m'en doutais un peu. Je m'installe au côté de l'aide-soignante qui l'accompagne. Je me présente et nous échangeons quelques mots. Ce fut bref, car le radiologue les appelle quelques minutes après. Je me demande comment elle va gérer la situation, car elle est jeune, je ne la sens pas très à l'aise et le patient est particulièrement instable. Allez, ne pas oublier que je suis à la retraite!

Un homme d'une cinquantaine d'années est assis à ma droite. Il observe ses chaussures. Moi je les trouve très bien, ses chaussures! il consulte souvent sa montre.Parfait, bonne occasion d'engager la conversation. Je lui demande à quelle heure il a rendez-vous. Il me répond laconiquement. Bon, ce n'est pas gagné! Je tente une nouvelle approche, nouveau revers. Il n'est pas dans la communication, alors je décide de ne pas insister.

Je plonge mon corps dans une sorte de léthargie, gardant mes sens en éveil. Se détacher du corps, permet au sens de se concentrer sur l'environnement. Tout d'abord le regard, il capte les arrivées et les départs, le foulard sur la tète de cette jeune femme, accompagnée de son compagnon plein de prévenance. Cette vieille dame, seule, en difficulté pour se déplacer, entrainée par son sac trop lourd. Les regards perdus, cette sorte de retenue qu'il y a chez les patients, chacun attend, tourné vers l'intérieur de son être, comme pour fuir les regards, masquer leurs souffrances.
L’ouïe capte les conversations, mais surtout les silences. La salle d'attente de l'oncologue est bondée, mais le silence y règne en maitre. Ce colocataire embarrassant nous prive-t-il de la parole? Dans de nombreux cas, il semble que ce soit la réalité.
L'odorat. Et bien le mien est proche du zéro, donc je ne perçois rien!

Le patient accompagné sort très rapidement. Je crois que la consigne "ne pas bouger" n'a pas fonctionné! Il salue tout le monde, toujours  aussi expressif, pas du tout stressé. En voilà un qui est dans la communication, mais il faut lui courir après!

À mon tour. Deux nouvelles tètes inconnues. Une jeune femme au visage un peu crispé, et un jeune homme au contact... très froid. Travailler à la lumière artificielle ne semble pas propice aux contacts humains. Existe-t-il une étude sur ce sujet? Ou bien la malchance me poursuit elle?
Ils n'ont pas profité du weekend pour repeindre la salle ou graisser la machine! Je m'installe, tout se fait dans le silence. La séance se déroule sans problème, pour la première fois mon esprit en profite pour divaguer. Je me retrouve brutalement dans la pénombre, cela me sort de ma rêverie. Est-ce normal. Surement, car rien ne bouge, la machine continue son travail. Une voix connue me signale que c'est terminé, et j'aperçois le visage de le radiologue de ma dernière séance, c'est rassurant, c'était elle aux commandes. C'est avec délicatesse qu'elle m'aide à sortir de cette position inconfortable. Enfin un sourire. Je quitte ce lieu, soulagé. Plus que 32 séances!

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