l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

17 mai 2016

Chimiothérapie, J-2




Chaque matin, je dialogue avec moi même, j'essaie de commencer la journée dans la paix, en prenant du temps pour être tranquille et m'envelopper de ce calme
Je ne me rue jamais dans la journée sans préparation et sans harmonie.
Vivre  un jour à la fois, sans se précipiter en avant, sans faire plein de projets pour demain, car demain ne viendra peut-être jamais. L'important pour moi est de ne pas perdre le fil, tout rassembler dans un grand sac, tout ce qu'il y a de meilleur et d'apaisant. Cette journée commence par le rendez-vous mensuel au labo.

Je me présente, confiant. Beaucoup de monde ce matin, donc un peu d'attente, mais qu'importe. Mon capital veineux s'est évanoui, c'est donc à la seringue que ce fait le prélèvement. C'est un peu désagréable, mais fait avec dextérité, c'est le principal.

Un petit déjeuner chez des amis ( merci à vous, c'était bien agréable!) et en route pour une journée rythmée par la radiothérapie et l'attente des résultats du bilan.

Nous évitons les manifestants dans Bordeaux,  qui commencent à envahir les quais, et sommes à l'heure à la clinique. C'est la reprise, après la panne de Voltaire, donc beaucoup de monde en attente. Le silence règne dans la salle d'attente. Je suis toujours frappé par le peu de communication qu'il y a entre les gens. Pourtant nous nous croisons régulièrement, mais même le bonjour de l'arrivée ne relève pas toutes les têtes. Chacun est plongé dans ses pensées, son journal, isolé par le casque qu'il a sur les oreilles, diffusant de la musique à fort volume.

Certaines personnes sont trop lasses pour vous faire don d'un sourire, cela se comprend .J'en donne souvent un, parce que personne n'a autant besoin d'un sourire que celui qui n'en a plus à donner. Mais je ne recherche plus le contact verbal, j'ai le sentiment de déranger.

Arrive un homme qui va troubler le silence. Il s'installe à mon côté, sans m'accorder un regard. Il souffle, soliloque, " je ne peux plus manger, je vais maigrir". Il interpelle une infirmière, lui répète la même phrase, précisant qu'il a mal à la gorge. Elle lui explique que cela vient de la radiothérapie, et qu'il faut le signaler au médecin. Il ne semble pas satisfait de la réponse et reprend son monologue, à mes côtés. Le temps d'attente lui semble trop long, alors il va s'en prendre aux radiologues, les agressant verbalement. Ils me font passer au vestiaire et essayent de calmer ce monsieur.

l’intolérance a toujours été pour moi un sujet de réflexion chaque fois que j’y ai été confronté, ou que quelqu’un d’autre en ai été l’objet, ou que j’en ai été moi même l’objet. la tolérance doit avoir ses limites, l’intolérance, elle, est facilement sans limites

Dans le cas présent, elle me semble être le reflet d’un désarroi, d’un appel à l’aide, de la colère liée au sentiment que ne sont pas prises en compte les attentes. Intolérance manifestement issue de l’ignorance. L’intolérance seule ne signifie rien, elle est liée à des idées contraires. Pour l’effacer il faut donc comprendre ce qui enferme l’autre dans son intolérance, c'est ce que se sont attachés à faire les radiologues, non pas a le faire changer d’idée, mais a devenir plus tolérant envers eux et la situation en expliquant une nouvelle fois les effets de la radiothérapie et les problèmes d'attente en lien avec la panne. Ceci a tout de même installé un certain malaise chez les soignants, qui heureusement étaient trois hommes, car devant des femmes, cet homme aurait pu s'avérer plus dangereux, vu la colère qu'il exprimait et ne contrôlait pas.

Une fois l'incident clos, tout s'est passé normalement. Quelques minutes sous le grill, et je suis ressorti cuit à point

Retour à la maison, et nouvelle attente, celle des résultats du bilan. Ils arrivent enfin dans la boite mail. Il est impossible de ne pas avoir une petite montée d'angoisse lors de la lecture. Finalement, les défenses immunitaires résistent. Une légère baisse à chaque bilan , mais c'est encore tolérable, donc je suis bon pour le service. Jeudi, chimio ! Par contre, mes PSA sont en légère hausse. Je ne fais pas de pronostics, je vais attendre l'avis de l'oncologue.

Voilà donc une journée qui se termine, demain une nouvelle séance de radiothérapie en guise de dessert, la routine quoi!

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