Mozart s'est mis en grève il y a
quinze jours, il n'a pas diffusé sa musique le temps d'une panne de 48 heures.
C'est au tour de Voltaire de faire taire ses mots. Ma dernière séance de
radiothérapie a été annulée pour cause de panne de mon ami. C'est donc quatre
nouveaux jours de répit pour mon organisme. Je ne sais si cela est positif,
mais les effets secondaires sont très rapidement réapparus après ma reprise des
séances, alors j'apprécie!. Voltaire ne va donc pas écrire ses mots de feux sur mon
colocataire, cela repousse d'autant la fin du traitement, et j'avoue avoir hâte
que cela se termine.
Je profite de ces quelques jours
pour m'adonner à une activité abandonnée depuis le début de la maladie, le jardinage
.Ce contact avec la nature fait du bien à l'âme. Par contre le corps n'apprécie
que moyennement. Le coloc n'aime pas que je fasse des efforts, il s'acharne à
me couper les ailes très rapidement. Cela se termine invariablement par une
rencontre avec le canapé, pour un coma dans ces bras.
Quelques escapades hors de la
maison, certes de courtes durées, car là aussi le coloc se manifeste, conduire
est redevenu un plaisir, synonyme de liberté, mais la fatigue s'impose rapidement
et perturbe mon attention et ma conduite, donc danger. Avec un cancer, la moindre
chose faisant partie du quotidien peut se transformer en défi. Je fais en sorte
de les relever, les uns après les autres. Il n'est pas question de se laisser diriger par cette
chose qui me ronge et veut me voler la vie.
Extérieurement, je parais très
calme, mais, à l'intérieur, c'est le feu qui domine, la rage mène le combat,
mon langage intérieur est moins châtié que celui de mes écrits ! La musique que
je diffuse à mon coloc est plutôt du style "heavy métal", tout comme
celle que je joue sur ma Gibson dès que le besoin se fait sentir. ça c'est la bonne
nouvelle, depuis quelques jours, je retrouve ma guitare, mon épaule ayant mis
en sourdine les douleurs qui ne permettaient pas de jouer plus de cinq minutes.
La musique et le dessin m'ont toujours
accompagné dans la vie, cela fluctue avec mes états d'âme, mais reste toujours
présent. Mes crayons et pinceaux restent pour l'instant au repos. Les images
qui me viennent ne sont pas très positives, plutôt sombres, donc je n'ai pas
envie de les coucher sur le papier. Le matériel est toujours à portée, au cas
ou.... Il est possible que je partage un jour sur le blog mes créations, mais
pour le moment,, ce sont les écrits qui dominent.
Une nouvelle semaine s'annonce,
avec la reprise de la radiothérapie mardi et mercredi. Un bilan sanguin est
aussi au programme, car jeudi, c'est la sixième chimio qui m'attend. Après tout
cela, c'est l'attente. La kyrielle d'examens de contrôle pointe le bout de son
nez, mi-juin. Les tensions internes vont aussi se manifester, vous comprenez
bien pourquoi !
Dans 23 jours, je vais avoir
cinquante-huit ans. Habituellement, je n'accordais que peu d'importance à cette date qui
marquait le temps qui passe. Aujourd'hui, elle prend une autre signification.
C'est le temps gagné sur la maladie, la résistance à ce fléau. Mon unique
souhait, est de voir le jour se lever, sur de nombreux 10 juin.
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