l'humanité est touchée par ce fléau que l'on nomme cancer. Ce mot qui fait peur, mot qui tant que l'on est pas touché, nous essayons de laisser loin de nos pensées. Pourquoi ce nom, Antidote, parce qu'aujourd'hui, je fais partie, de ces hommes et de ces femmes qui réalisent tout ce que cela implique, ce bouleversement majeur de sa vie. Sa vie ... elle ne tient qu'à un fil, l'espoir que la science à les outils qui vont te sauver. Alors Antidote pour essayer pour partager, échanger, se renseigner, exorciser sa peur , espérer... l'écriture pour aider.

16 févr. 2016

Encore un matin



Ce matin il a gelé, le soleil brille sur la campagne, c'est avec plaisir que je sors à la rencontre de cet air vivifiant. C'est l'heure de ma petite sortie matinale, le cheval piaffe d'impatience, il attend son petit déjeuner, suivi de l'âne, tout aussi pressé. Les chiens courent à leur rencontre tout en manifestant bruyamment leur joie de sortir.
Je savoure ces instants ou l'on est en communion avec la nature. Il faut aussi rentrer du bois pour se chauffer. J'approche la petite carriole que je me suis acheté à cet effet, car il ne m'est plus possible de porter de pleines brassées comme auparavant. Cet ustensile met devenu indispensable. Allumer le feu, quoi de plus banal, pourtant là aussi mon regard s'attarde sur les flammes qui dansent.
Je repense à l'année qui vient de s'écouler. Comme tout retraité, on profite du début de cette période pour engager des travaux, finir enfin tout ce qui est en attente, multiplier les projets ... Enfin du temps pour faire les choses sans stress, à son rythme. Entretenir correctement son terrain, finir les plages de la piscine, aménager le patio et créer le bassin à poisson dont on a tant rêvé. Profiter des périodes des vacances de sa compagne pour filer vers la montagne, randonner dans ces paysages magnifiques, charger la moto pour des escapades à la journée ou pour une semaine, voir ses amis, que du bonheur, la sensation de vivre pleinement. Le boulot, vite oublié, manque tout de même la relation avec ses collègues, les moments de connivence, les galères partagées, mais les liens créés se maintiennent. L'hiver approche, il est temps de penser aux travaux intérieurs, rafraichir la maison. Prendre le temps de lire, faire de la musique, dessiner et peindre, bref s'adonner à ses passions, si longtemps mises en veilleuse, faute de temps, emporté par le tourbillon de la vie.
 Et voilà le choc, celui que vous n'aviez pas prévu, pas envisagé une seconde. Celui qui vous brise en un instant. Le mot cancer est prononcé, ce mot qui transporte tant d'images de souffrance, de mort. Cancer le sbire de la grande faucheuse est en vous. Quoi que l'on puisse faire, il est là, pour le restant de vos jours. Il faut tout reconsidérer, apprendre à survivre. L'incertitude est devenue le compagnon de tous vos instants, l'avenir est illisible, il ne vous reste que le temps présent. Il y a des jours où la colère vous habite, c'est le cas aujourd'hui. Ces derniers jours, j'ai presque oublié cette maudite maladie ( maudite pour rester poli!). Je me suis agité comme je pouvais le faire jusqu'alors, mais sans pouvoir tenir la distance. Rapidement fatigué par mes actions, mais assez têtu pour continuer. J'enrage de voir ma compagne dans l'obligation d'accomplir des tâches qui jusque là m'étaient dévolues, et pour lesquelles elle est en difficulté; je vois le printemps arriver avec sa cohorte de travaux d'extérieur à accomplir, mon projet de grand potager qui s'évanoui, le bassin à poisson qui va se transformer en bac à fleurs, même si j'aime les fleurs, c'est encore une frustration. Pour la première fois depuis des lustres, nous sommes obligés de faire appel à des artisans pour accomplir ce que, jusqu'à ce jour, je pouvais faire seul.
Je suis à cinq jours de ma prochaine chimio et je suis fatigué, très fatigué. Je paye mon excès de zèle, la bêtise de croire que ce sentiment de forme était la réalité, en forme je ne suis pas et ne le serait surement plus jamais. Je vais devoir me rentrer cela dans la tête !!! Je suis là, devant mon écran à relater mes humeurs. Pat méthény diffuse ses mélodies dans les enceintes du pc, cette machine qui est devenue le prolongement de moi même, sans laquelle je ne saurais vivre aujourd’hui. La musique me pose un peu, c'est une de mes alliés dans ce combat. Mon cœur se givre parfois, mais entre les lignes il reste quand même un sourire...difficile.

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