Le temps semble ralentir sa course tandis que les
ombres enveloppent peu à peu le monde. L’agitation du jour laisse sa place au
calme et au silence. Dans le noir, plus de couleurs, plus de formes, ni de
frontières distinctes, nos yeux sont devenus inutiles. C'est le lâcher-prise du
corps, le moment ou l' esprit peut voguer
vers des zones inconnues et se mettre en relation avec l’imaginaire.
Mais voilà, la nuit n’est pas toujours un moment de
repos, de détente, de lâcher-prise. C’est parfois une épreuve , le silence
est mortifère, l'on affronte sa solitude, la crainte de ne plus se réveiller.
Ne pas dormir,
ou seulement quelques heures, c'est mon quotidien depuis quelques jours. Des
bouffées de chaleur intenses perturbent mes nuits et finissent par me réveiller, ruisselant. Alors,
c'est toujours le même parcours. Il me reste à égrener ces heures qui défilent
jusqu’au petit matin, ruminer, m’interroger, m’inquiéter du lendemain qui ne
chantera pas forcément. Ou alors, m’agiter, me retourner. Toujours la même
question, rester dans mon lit où me lever? Allumer mon ordinateur, écrire ou se
plonger dans la lecture... simplement s’affairer pour ne pas penser à
l’impensable.
Généralement je choisis de me lever, souvent avant
le jour. Pour chacun d'entre nous, une
journée qui commence est une opportunité de créer demain, ou du moins celui que vous souhaiteriez voir se dessiner. Ce
temps, où je me retrouve, seul, éveillé dans la maison, je le consacre à faire
le bilan de tout ce que je ressens à cet instant présent. Juste s'écouter
soi-même, afin de mieux écouter ce qui m' entoure, et commencer cette journée
positivement. Je choisis mon instrument, à la mélodie subtile, douce ou affirmée. Celui
qui va m'accompagner et que je vais utiliser pour exister pour la journée qui
s'annonce. Chaque jour à son instrument, lié à mon état physique et mental. La vie,
c'est se rejoindre pour échanger, à l'image d'un orchestre. Mon orchestre est
éphémère, il renait chaque matin.
La musique a toujours été mon point de
fuite, mon moyen de m’évader. J’aime parfois les choses mélancoliques, sensuelles,
mais aussi l'opposé, pour ne pas dire les extrêmes. Cela me procure beaucoup de
plaisir et de détente. Actuellement les plaies sont plus nombreuses que
les moments de joie, les griffures plus profondes que les instants de paix
alors je me dois de changer d'instrument au quotidien pour vivre le plus
sereinement possible et rester en harmonie avec mon entourage.
Après cette troisième chimio, mes insomnies
commencent à devenir problématiques, mais cela, vous l'aviez compris! La
fatigue est bien sûr toujours très envahissante, mais les douleurs physiques
sont moindres. Moralement, je ressens
une petite faille, liée surement à la fatigue et aux insomnies. Mais aussi au
fait que je rentre dans une nouvelle phase d'attente au bout de laquelle je
vais rencontrer la vérité, celle qui va me permettre de me projeter dans
l'avenir ou m'obliger à continuer à vivre au jour le jour.
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